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 The road (La route)
Auteur : Cormac McCarthy
Année : 2007
Langue d'origine : anglais


9.3/10 (3 critiques)


Histoire :
L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. On ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l’extrême.
(mot de l'éditeur)
 
Critique par Virginie postée le 08-01-2009 à 23:09
Note : 10/10
L’homme pousse son Caddie sur l’immense autoroute de bitume désertée de tout véhicule. Un enfant le suit, son fils. Ils sont tous deux rescapés d’un drame à l’échelle mondiale qui a tout renversé sur son passage. Plus rien de ce que nous connaissons n’existe. L’électricité n’est plus, l’humanité non plus. Reste l’état sauvage, des petits groupes de rodeurs, carnassiers, cruels et affamés, et des survivants traqués.

La route s’étale devant eux. Ils vont vers le Sud. Ils espèrent être sauvés. Ils se savent condamnés. Pourtant, une tension improbable s’empare du lecteur durant cette centaine de pages. Lui aussi espère, suivant les pas de ce couple improbable avec chariot, à travers un milieu plus qu’hostile.

Cela n’a rien d’étonnant. Cormac McCarthy est loin d’être un débutant. Il ferait même partie des écrivains dont l’adaptation cinématographique des ouvrages semble systématique. Et souvent de manière réussie. Pourtant, dans sa bibliographie, La route tient une place à part. Souvent ancrés dans l’Amérique profonde, ses livres en sont le reflet. Ici, il coupe avec ce contexte pour se projeter dans un futur incertain. Ne reste de l’Amérique que ses étendues sauvages devenues inamicales.

Le Pulitzer 2007 choisit ses mots : précis, ils font mouche. Boulversent. Le langage s’épure à mesure qu’il devient inutile aux personnages. Ne reste plus que l’essentiel. Quelques mots redondants entre un père et son fils. Une histoire en filigrane que le lecteur assemble au fil des pensées du père. Rien n’est linéaire. Ils avancent mais ne vont nulle part. La lecture devient alors expérience, et marque encore, bien après l’ouvrage achevé. Cormac McCarthy réussit à transcrire l’essence des sentiments humains d’un père pour son fils à travers cette vaine quête. Ce voyage initiatique qui ne peut avoir d’autre issue que la mort, issue qui parait évidente dès les premières lignes parcourues. Il ne se passera rien de plus que cette rencontre entre deux hommes et la route. Mais quelle rencontre…


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Ca donne envie de découvrir le livre ! (2)
Critique par Florence postée le 08-08-2009 à 00:44
Note : 9/10
On entre dans le livre à tatons, sans trop savoir où on met les pieds. Le style est inattendu, presque bancal. Les phrases courtes et nominales sont très inhabituelles dans la langue anglaise, du coup on se perd un peu entre les points et les virgules. Les apostrophes ont disparu et les dialogues sont parfois insérés dans le texte sans tirets ni retours à la ligne. On avance dans le texte chaotique comme avancent les deux personnages principaux sur leur route : une route dévastée, dans un monde apocalyptique couvert de cendres. Tout a disparu, mais on ne sait rien des causes du cataclysme qui a ravagé la surface de la Terre.

Pour toutes ces raisons, la lecture commence lourdement. Pourtant, miraculeusement, au bout d'un moment on se laisse prendre au jeu et le style épuré devient un atout. On se passionne pour cet homme et son fils perdus au milieu de la terre hostile. Ils marchent vers le Sud, espérant trouver des contrées plus accueillantes. Et sur la route, ils survivent coûte que coûte en essayant de trouver de quoi manger et de quoi se réchauffer. Parmi les décombres, ils doivent parfois se défendre contre d'autres hommes, rétournés à l'état de barbarie pour tenter de survivre.

L'aventure est longue et monotone et on pourrait certainement reprocher qu'il ne se passe pas grand chose. Cependant, l'expérience est belle : Un rythme s'installe au fil des pages. On ressent tout du long l'amour du père pour son fils, et l'espoir prend une dimension essentielle, même quand toute source d'espoir semble perdue. La question se pose souvent en tournant les pages : Pourquoi continuer à marcher alors qu'on se sait condamné ? Pourquoi continuer à espérer ? Un texte qui marque.


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Ca donne envie de découvrir le livre ! (1)
Critique par Julie postée le 01-09-2009 à 22:22
Note : 9/10
Partir d'un endroit qui n'existe plus pour rejoindre un endroit qui n'existe pas. Avancer en somme. La route n'est pas ici un chemin, c'est une ligne dans sa définition la plus abstraite, mathématique, et donc la plus réelle : infinie.

Parce que presque d'entrée de jeu, le doute n'est pas permis : le Sud, destination (si l'on peut dire) du père et du fils, ne différera pas de ce qui les entoure déjà : le néant et la cendre.

La route de McCarthy est un roman écrit à l'image de son sujet : sans que l'important soit l'arrivée, mais bien le chemin, la narration. Et celle-ci est bien celle de la fin du monde : le langage devient presque inutile (que reste-t-il à décrire alors que tout est gris, que le soleil lui-même n'est plus ?) le temps n'existe plus (on ignore l'époque, l'année) le concept de lieu n'a plus de sens (où sommes nous ?) celui d'identité non plus ("l'homme", "le garçon", ils n'auront jamais de nom).

Alors le style est ce qu'il est : des constructions à l'identique, ponctuées de "et" (juste un enchainement d'actions, un pas après l'autre en somme) et de dialogues qui paraissent muets (pas de tirets), épurés au possible, comme s'il s'agissait juste de vérifier qu'on sait toujours parler et non de dire quelque chose. Ce n'est pas forcément plaisant dans l'absolu, pourtant cela finit par fasciner.
La route tiendrait presque plus de la "non littérature" que du roman, mais un aspect l'élève au dessus de la pure expérience de lecture ou d'écriture : la capacité, sous la cendre, derrière le degré insondable de barbarie, de garder en vie, de nourrir, à l'image du feu que portent le père et son fils, une étincelle d'humanité.


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