Objectivement, rien à reprocher à cette petite nouvelle d'un auteur qui s'est imposé comme le maître de ce format. L'écriture est fluide sans être lassante, enrichie ça et là d'images amusantes ou de petites phrases poétiques. Racontée à la première personne par Buddy, garçon de 8 ans, l'histoire est surtout servie par un style un peu soutenu mais où le rendu des pensées de l'enfant demeure finalement très juste.

Admirable aussi, la capacité de Truman Capote à créer son univers et sa galerie de personnages en si peu de mots, à dresser des portraits tant réalistes que déformés par le regard du petit garçon, que ce soit celui de son père ou de la Nouvelle Orléans, et la narration n'empêche pas le lecteur de réaliser les enjeux inaccessibles à la compréhension du narrateur.

Pourtant, derrière la (presque) parfaite maîtrise technique, manque un rien d'âme. L'histoire coule de source mais son naturel incroyable empêche finalement toute surprise quant à son déroulement. Peut-être parce que pour ma part, je n'ai pas pu m'attacher à Buddy sur ces si courtes pages, j'ai compris ce qu'il ressentait sans pour autant être en empathie, me retrouvée bouleversée avec lui.

Un Noël est une histoire simple, douce, joliment écrite mais qui ne s'avère ni vraiment composée pour les enfants, ni suffisamment dense pour marquer durablement un adulte. Dommage donc, que ce Noël si fondateur dans la mémoire du narrateur, ne risque pas de rester longtemps dans la mienne.