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 L'oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête : Carnets d'un paysan Soussou
Auteur : N'Fassory Bangoura, Philippe Geslin
Année : 2011
Langue d'origine : Français, Soussou


7/10 (1 critique)


Histoire :
Chaque soir, l’ethnologue se retire dans sa hutte. À la lueur de sa lampe à pétrole, il écrit sur un cahier plus grand que le petit carnet noir à la tranche violette qui l’accompagne dans la journée. N’Fassory Bangoura l’observe depuis quelque temps. Pourquoi ne pas écrire sur le projet, sur le quotidien, sur les faits et gestes des blancs, de « leur Blanc » ?
 
Critique par Julie postée le 22-03-2012 à 12:02
Note : 7/10

Comme on peut le deviner dès son titre L'Oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête est un objet littéraire qui ne se laisse pas facilement définir. Aussi me permettrais-je une entourloupe et aimerais commencer par parler de l'objet tout court, car le superbe travail des éditions Ginkgo joue beaucoup dans le ressenti final de la lecture.

Aux pages du carnet du paysan (retranscrites ici dans le respect de leur structure parfois ante-chronologique) s'alternent les très belles photos de l'ethnologue, permettant ainsi la juxtaposition de deux regards sans céder à la tentation de la comparaison, leurs formats respectifs les rendant irréductibles l'un à l'autre (même si la préface rédigée par Philippe Geslin pose très bien le contexte).

C'est néanmoins sur le texte que l'on veut s'attarder, car la démarche dont il est né a quelque chose de rare, une relation auteur-texte sincère revenant aux 'fonctions' première de l'acte d'écrire : décrire, rapporter, garder une trace. Et cette démarche se fait plus particulière encore que N'Fassory Bangoura et la culture qu'il décrit ici donne plus traditionnellement dans la transmission orale.

C'est d'ailleurs par un conte (auquel le livre doit son titre) que s'ouvre l'ouvrage, et c'est de cette magie des histoires rapportées à haute voix que sont imprégnés ces carnets. Cette impression d'oralité se fait ressentir dans les phrases courtes (mais jamais sèches) et leur agencement qui donne parfois l'impression de parcourir un poème en prose.

Mais c'est aussi ce qui freine un peu la lecture d'une traite, et L'Oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête se picore plus qu'il ne se dévore. Une lecture plus entrecoupée permet d'ailleurs de mieux apprécier la notion du passage du temps, très bien rendue par l'évolution des activités évoquées. L'autre grande qualité de l'ouvrage est là, dans le fait que N'Fassory Bangoura raconte son monde plus qu'il ne se raconte. Au fil des deux carnets, il décrit aussi bien le quotidien et la vie très concrète du village qu'il réfléchit à la position des hommes les uns par rapports aux autres, et aux valeurs universelles ou non qu'il entend porter. En somme, un auteur très humble pour un témoignage de grande valeur, et pour un livre qui entres autres pouvoirs magiques, fait faire un joli voyage, et une véritable immersion.


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