RSS Twitter Facebook

 Rabbit Hole
Réalisateur : John Cameron Mitchell
Année : 2010
Acteurs : Nicole Kidman, Aaron Eckhart, Dianne West, Sandra Oh
Pays : Etats Unis


9/10 (3 critiques)


Synopsis :
Huit mois après le décès de leur jeune fils, Becca et Howie tentent de maintenir ensemble les différents morceaux de leur couple et de leurs vies, en dépit de la douleur qui les pousse dans des directions différentes.
 
Critique par Julie postée le 09-05-2011 à 07:14
Note : 9/10
Il est particulier de chercher à mettre des mots sur un film économe dans les siens, sans doute parce que le sujet traité a quelque chose d'indicible. Et c'est là à mon sens la qualité première de Rabbit Hole, montrer plutôt que dire, offrir un regard plutôt qu'un avis.

Huit mois ont passé depuis la mort de leur tout jeune fils Danny, et Howie et Becca font de leur mieux pour garder collés les morceaux de leur existence brisée, fusse par le ciment des faux-semblants, des faux sourires. Lui s'accroche à chaque fragment de souvenir, elle voudrait quitter cette maison et ce qui se rattache au décès du garçon pour tenter d'aller de l'avant. La grande intelligence du script (que l'on doit à David Lindsay-Abaire, auteur de la pièce originale) étant d'éviter de limiter le traitement du deuil à une simple dichotomie entre ces deux idées, de ne pas imposer l'idée d'une bonne méthode ou ni même de l'existence en soi d'une méthode, d'une façon de faire le deuil. Le déroulement du film tendrait plutôt à montrer qu'il s'agit là d'un processus sans fin, mais qui mute avec le temps, intégrant d'autres variables à la pure douleur.

C'est là que Rabbit Hole monte en puissance, puise son sens et sa beauté : capable de vous prendre à la gorge par de petits riens, il sait aussi faire naître un réel espoir de pas grand chose de plus. Préférant les petites touches à la grandiloquence, le script, qui gère très finement sa temporalité, parvient à mettre du sens dans chaque morceau, chaque scène ayant sa raison d'être, sa résonance. Bien qu'intimiste, collé dans son écriture comme dans sa réalisation à ces deux parents, Rabbit Hole touche à l'universel et s'il ne peut laisser indemne, il propose dans le même temps un début de cicatrisation.

Au delà de son scénario ciselé, l'œuvre doit également beaucoup à sa distribution, partagée entre un Aaron Eckhart écorché vif et une Nicole Kidman toute en retenue. Parfaite, comme fusionnée avec son personnage, effacée derrière Becca et mise à nue par sa douleur, l'actrice est somme toute à l'image de ce film qui lui doit son existence : toute empreinte de justesse. A leurs cotés, chaque second rôle est traité avec finesse et porté par d'excellents comédiens (en tête une Dianne Wiest aussi discrète que bouleversante.)

Sur la forme, John Cameron Mitchell se positionnerait presque en retrait, ne serait-ce la fulgurance de quelques très jolis plans organiquement insérés dans une réalisation neutre, observatrice, qui préfère découper des fenêtres que forcer la démonstration. Habitué à des projets très personnels, Mitchell aura su mettre juste assez de lui dans l'objet qui n'apparait jamais comme le film de commande qu'il est et se révèle plastiquement très beau. Un superbe travail sur la lumière vient non pas sublimer mais colorer ce quotidien qui se voudrait sombre, comme pour rappeler qu'on ne peut au fond rien y faire : le monde continue de tourner, il reste, tout aussi difficile se présente-t-elle, encore et toujours de la vie.


Votre avis rejoint-il cette critique ?
Oui (2)
/ Non (0)

Ca donne envie de découvrir le film ! (4)
Critique par Florence postée le 13-09-2011 à 08:19
Note : 9/10
Huit mois après la mort de leur fils, Becca et Howie tentent peu à peu de refaire surface, chacun à leur manière.

Becca se réfugie au fond de son jardin, à l’abri du regard des autres, et plonge ses mains bien profondément dans la terre pour y planter de nouvelles fleurs - y planter un peu de vie peut-être – et reprendre petit à petit les gestes du quotidien, devenus si durs après la disparition de leur enfant. Les dessins de Danny sont encore accrochés au frigo, sa présence encore bien palpable dans cette maison vide, et pourtant il faut essayer d’avancer, apprendre à faire son deuil, réapprendre à vivre sans lui. Becca et Howie doivent retrouver une nouvelle définition à leur couple, pour ne plus seulement être « parents de » – et c’est une sensation terriblement bien rendue dans le film quand les deux se tiennent l’un à côté de l’autre, mais sans plus vraiment être « ensemble », chacun égaré dans une douleur muette.

La grande qualité du film réside dans le fait que le réalisateur ne se permet jamais aucun jugement et se contente de montrer, de laisser les personnages à l’écran évoluer chacun à leur rythme et à leur façon. Chaque moment prend son importance, sublimé par le travail sur la pellicule qui donne à chaque scène une beauté en soi, baignée dans des couleurs pastels et une lumière quasi-iréelle.

Il est difficile de dire qu’un film nous a plu quand le sujet est aussi délicat et douloureux. J’avoue, à un stade, avoir été un peu submergée par toute cette tristesse et avoir regretté qu’il n’y ait pas plus de moments d’espoir, voire simplement de moments où les personnages relâchent la pression. Mais le film touche, incroyablement juste. La mère de Becca nous arrache quelques rires, incarnée par une Diane Wiest éblouissante. Et la performance de Nicole Kidman et Aaron Eckhart (de tous les acteurs, en fait) est sans aucun doute à la hauteur du temps passé à leurs côtés.


Votre avis rejoint-il cette critique ?
Oui (2)
/ Non (0)

Ca donne envie de découvrir le film ! (0)
Critique par Stéphanie postée le 30-09-2011 à 18:02
Note : 9/10
Il y a des films qui dès le générique posent une atmosphère en quelques images, une scène, sans qu’un mot ne soit prononcé. Rabbit Hole est de ceux-là. Dès les premières secondes, on est happé dans ce jardin, auprès de Becca. Elle éventre un sac de terreau, plonge ses mains dedans et sans que l’on sache pourquoi on sait très bien qu’elle tente de cette façon de sauver la face : que son jardin est tout ce qui lui reste.

L’histoire se déroule ensuite comme une bobine de fil emmêlé. On n’a pas tout de suite tous les éléments entre les mains - ou plutôt devant les yeux - mais peu importe. Le film est dans ces non-dits justement, dans cette tension et cette douleur que l’on ressent entre les personnages, le tout transmis avec des images d'une qualité photographique. Tous les plans sont beaux - et douloureux - dans Rabbit Hole. La vie semble s’être arrêtée, piégée dans des cartons de vêtements d’enfant qui ne grandira jamais et des dessins d’un bonheur passé. Quand Howie, en colère, cherche à retenir tous ses souvenirs, Becca n’aspire qu’à changer d’air et à pardonner. Chacun des personnages tente de survivre, à sa manière sans qu’il n’y ait de solution.

Difficile de parler de Rabbit Hole sans en dévoiler plus qu’il ne faudrait, alors qu'il y aurait encore beaucoup à dire notamment sur la justesse des scènes avec la famille de Becca, sur la pudeur et la retenue émanant de certaines scènes, ou encore la violence d'autres… Le réalisateur traite la perte d'un enfant dans sa réalité, sans avoir recours à un quelconque subterfuge, il laisse ses personnages (sur)vivre sans y interférer, sans donner de jugement. Les acteurs (ceux des "premiers" comme des "seconds" rôles) donnent corps à ces émotions délicates et difficiles, donnent une âme à ce film. Un très beau film.


Votre avis rejoint-il cette critique ?
Oui (2)
/ Non (0)

Ca donne envie de découvrir le film ! (1)
EN DIRECT DE TWITTER
VOUS AIMEREZ PEUT-ETRE...
Aucun film/livre n'a pu vous être recommandé.

(Comment ça marche ?)