Once est un objet particulier, plus que jamais cinématographique sans sembler chercher à l'être. Scénario presque plus modeste que le budget, filmé avec une caméra d'occasion qui laisse sur la pellicule un grain de mauvaise qualité, le tout servi par deux parfaits inconnus... Comment ce mélange a priori peu avenant fait de Once un des plus jolis films qui soit ?
D'abord parce que peu de moyens créé une ambiance intimiste des plus délicieuses et surtout, n'empêche pas le talent : la mise en scène n'est jamais tant laborieuse qu'inventive (voir entre autres le superbe plan final) et les comédiens criant de vérité : parce qu'ils sont inconnus, on les découvre, on ne les associe à personne d'autre qu'eux -même (dont ils ont visiblement beaucoup investi dans cette histoire.) Ce qui amène à l'autre grande qualité du film : il fonctionne parce tout est vrai, tout est honnête : l'histoire est sincère tout en étant ingénieuse ("Milujes ho ?") et poétique ("Miluji tebe".) Comme en fin de compte, le grain de l'image ne fait que lui confiner plus d'authenticité, donner corps à l'âme. Finalement, la sincérité de Once confinerait presque à la naïvité, et le film n'en marche que d'autant mieux , l'émotion nait de cette simplicité, de ce sentiment que si l'on se rend à Dublin, on les croisera au détour d'une rue, lui jouant de sa gratte, elle vendant des fleurs. Juste la réalité, embellie (sans être transformée) par la musique. Parce que bien sûr, par delà l'image, il y a, presque plus parlante, la musique, premier vrai personnage du film qui le porte sans jamais l'empêcher d'exister comme une entité à part entière et qui, au final, est le vrai sujet de l'amour qui peut se dégager d'elle et lui.
Once est donc un film magique dans sa capacité à transformer chacun de ses défauts en qualité pour mieux, par de petits rien, ne cesser de nous toucher. La magie du cinéma, justement.
Et finalement, la seule chose qui empêche ici de mettre la note maximale, c'est que Once n'a pas une seconde la prétention d'être parfait, juste celle d'être sincère, et que dans une époque cinématographique où cette qualité se fait rare, il apparait bon de la respecter.