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 Welcome
Réalisateur : Philippe Lioret
Année : 2009
Acteurs : Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana
Pays : France


8/10 (1 critique)


Synopsis :
A Calais, un maitre-nageur désireux d'impressionner son ex-femme entraine un jeune émigré kurde qui veut passer en Angleterre en traversant la manche à la nage...
 
Critique par Julie postée le 13-05-2009 à 15:07
Note : 8/10
Un film en forme de paradoxe, au sens où la force de Welcome réside dans la finesse qui le caractérise parfois, où ce sont les scènes en apparence les moins "engagées" qui sont les plus marquantes, sans doute parce que les plus sincères.

Welcome n'aurait pu être qu'un pamphlet dénonciateur allant droit au but, mais en prenant le temps d'installer son décor, ses personnages, Philippe Lioret parle de gens avant d'évoquer des situations. Et de gens bien réels : les immigrés ne sont pas angelisés, le personnage de Lindon est tout sauf un saint, tous ont des motivations humaines pas forcément très nobles, sans non plus tomber dans l'extrême inverse. Si Audrey Dana n'est pas la plus convaincante des actrices, son personnage n'en est pas moins bien écrit, au même titre que les autres, formidablement interprétés par un Vincent Lindon tout en retenue et par le jeune Firat Ayverdi, d'une justesse saisissante.

Paradoxalement, c'est aussi le traitement des personnages qui plombe ça et là quelque peu le film. Là où la finesse s'étiole pour un propos parfois trop appuyé, c'est justement dans l'aspect politico-dénonciateur du scénario et dans la caractérisation de "l'autre camp". Les situations présentées ne sont ni imaginaires ni exagérées, l'indignation toujours légitime, mais les personnages en face apparaissent comme des incarnations monolithiques d'une politique scandaleuse à laquelle ils semblent adhérer sans se poser de questions ou se révolter. Comme si les flics étaient des extensions mécaniques d'un système et non pas eux aussi des humains en proie au doute.

De même que la mise en scène ne pêche que lorsqu'elle en fait trop, sur une ou deux métaphores un peu appuyées. Pourtant, ce bémol n’enlèvera pas de crédibilité au film, qui gère très bien l'équilibre entre romanesque et reportage. Suffisamment fort dans son écriture, sa maladresse ne fait qu'y insuffler de l'humanité, et surtout, Lioret sait ce qu'il veut montrer. Car au final, on suit bien l'histoire de Bilal, la préparation d'un voyage qu'on imagine impossible en même temps que la reconstruction d'un homme brisé par sa propre immobilité.

Au delà de l'histoire humaine, l'aspect engagé du film est d'autant plus fort qu'il est parfaitement assumé. Plus que toile de fond, la dénonciation politique ne se défend jamais de l'être, rendant ce film imparfait - mais incroyablement touchant - presque indispensable.


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