Le genre du "roman d'anticipation" évoque toujours deux piliers de la littérature du XXe siècle : 1984 et Le meilleur des mondes. Pour ma part, n'ayant jamais lu aucun des deux, je considérais le deuxième comme le petit frère du premier ; avec une vision différente mais moins reconnue et moins emblématique de l’avenir.

Je ne peux pas faire ici de comparaison entre les deux œuvres mais ce qui est certain, c’est que Le meilleur des mondes mérite une place à part entière dans la littérature et dans la liste "à lire" des lecteurs. Ecrit en 1932, il délivre une véritable vision de l’avenir, si lointaine et pourtant si proche de ce qu’on l’on peut connaître aujourd’hui, quatre-vingt ans plus tard. La société construite dans Le meilleur des mondes est basée sur des éléments qui ne laissent pas indifférents : la recherche du bonheur, le combat contre la vieillesse et les maladies –autrement dit, contre les imperfections-, l’épanouissement de la sexualité, l’avènement de la science, et le besoin de tout contrôler pour garantir la stabilité de la société. Les idées sont poussées loin, dans un monde qui dépasse nos limites et reste dans le périmètre de la science-fiction… mais en est-on vraiment si éloignés ?

Le livre porte à réfléchir sur l’équilibre de nos sociétés modernes. Malgré les aberrations du système instauré par Huxley, il est impossible de ne pas comprendre, à un moment ou à un autre, comment ils ont pu en arriver là. Le contrôle, le conditionnement des individus, le bonheur à tout prix… Un dialogue vers le milieu du roman, notamment, sert de clef de voute à toute la réflexion : deux personnages opposent leurs points de vue, et à chaque paragraphe, on se surprend à balancer entre les deux opinions –le notre, celui de lecteur du XXIe siècle, et celui du directeur du système.

Finalement, bonus non-négligeable, le roman possède l’indéniable qualité de nous transporter dans un autre univers. A l’exception de quelques chapitres plus difficiles (dont le premier, qui met un peu de temps à installer le décor), on découvre avec fascination les détails de ce nouveau monde. Un livre qui donne envie d’aller dénicher rapidement son cousin 1984 d’Orwell, pour voir si la vision est aussi marquante.