Toujours plus loin dans le monde des livres, l'imaginaire et surtout le plaisir, tel semble être le chemin tracé par Jasper Fforde et sa formidable saga littéraire.

Si le 'monde réel' uchronique et déjanté m'a parfois manqué au cours de ce troisième tome, c'est par une identification toujours plus réussie à Thurdsay, qu'on aimerait enfin voir récupérer Landen ! Le Puits se déroule en effet presque intégralement dans le Monde des livres, et l'on en découvre de nouvelles facettes, souvent drôlatiques (les Génériques, la Cérémonie des Livres d'Or) parfois terrifiant (le Minotaure, le complot Ultraword) et le plus souvent, les deux en même temps (le virus ortografique).

Au delà de l'intrigue propre au livre, très prenante, aux enjeux colossaux pour le Monde des Livres (UltraWord) comme les personnages (la progression d'Aornis), Fforde décortique le processus de création littéraire avec une inventivité toujours renouvelée et ce ton mi-moqueur mi-admiratif qui est le sien depuis le début.

Sa critique comme son affection pour ce monde est tout en fait en accord avec notre temps. A l'heure où le livre se virtualise et où la littérature se fait 'produit' d'une économie de marché, Fforde déclare son amour du papier et de l'ingrédient premier de tout roman : la magie.

Si les 2 premiers tomes exacerbaient tous les plaisirs de la lecture, ce Puits aux Histoires Perdues réveille, si besoin était, l'envie d'écrire et la féérie inhérente à l'exercice. Magique.