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 El juego del angel (Le jeu de l'ange)
Auteur : Carlos Ruiz Zafón
Année : 2009
Langue d'origine : espagnol


9/10 (2 critiques)


Histoire :
Barcelone, années 1920. David Martin, est fils d’un ivrogne. Tous deux ont été abandonnés par sa mère. Il se retrouve très vite seul avec pour unique réconfort son amour des livres et des histoires. Mais quand à dix-sept ans, le journal La Voz de la Industria pour lequel il travaille lui offre de signer le feuilleton dominical, il accepte sans savoir que cela changera sa vie. Son existence bascule donc un soir de crise au journal où il a fallu trouver de toute urgence un remplaçant au feuilletoniste habituel. Choisi sur les conseils de Pedro Vidal, David va rencontrer le succès mais aussi la jalousie. Pour la première fois payé pour ce qu'il aime le plus au monde : écrire, il sera embarqué dans une mécanique dont il ne maitrise rien, se perdant entre manigances et coups du sort, au point de renoncer à tout, jusqu’à son âme.
 
Critique par Virginie postée le 01-11-2009 à 22:43
Note : 10/10
Carlos Ruiz Zafón est un magicien. De ceux, bien rares, qui savent transformer une addition plaisante de mots en réalité. Car l’auteur ne se contente pas d’être un magnifique narrateur, il a du style et des idées. Des fulgurances même, qui reviennent d’ouvrage en ouvrage. Ainsi, « Le jeu de l’Ange » n’est pas unique. Il est inscrit dans l’histoire et précède, ce qui est pourtant son ainé, « L’ombre du Vent ».

Les ingrédients sont les mêmes mais on ne s’en lasse pas. Qui aurait pu inventer ce fabuleux concept de bibliothèque des livres oubliés ? Qui donc aurait pu offrir avec tant de grâce un asile à tous les amateurs de littérature et d’écriture qui se reconnaissent dans ses romans ? Qui de nos jours arrive encore à démontrer que la littérature d’autrefois n’est pas morte, que les grands romans existent toujours ?

En matière littéraire, Carlos Ruiz Zafón vend de l’espoir. Et cela n’a pas de prix. Dans ce nouveau livre, il nous présente David Martin, auteur maudit que la vie n’a pas épargné. Ce jeune journaliste n’a connu au fond qu’une seule joie, pour laquelle il payera toute sa vie. Car lui-même le sait, du moment qu’un auteur est payé pour écrire, tout peut alors s’acheter, de son amour le plus pur jusqu’à son âme.

C’est précisément à l’âme du lecteur que ce livre s’adresse. Il ne saurait la laisser indifférente, et s’il la touche, c’est entièrement. Ceux qui seront séduits ne pourront l’être à moitié. Car le talentueux magicien convoque les esprits de la Barcelone des années 20. Il joue avec les mots, les coups du sort. Rien n’est évident, rien n’est prévisible. Tout se déroule autour de la mince ligne qui sépare le rêve et la réalité, le concret et la fantaisie. Roman fantastique, énigme policière, histoire d’amour impossible, belles amitiés, tout se mélange durant les 537 pages qui composent l’ouvrage. Et l’ombre de l’éditeur parisien au sceau de l’ange plane sur chacune d’entre elles. Qui est ce mort pourtant bien vivant ?

La réponse fera tourner les pages, vite, trop vite. Jusqu’au moment où, se rendant compte que la fin est proche, le lecteur ne pourra s’y résigner et se forcera obligatoirement à faire durer le plaisir. Coupable, il refermera le livre, s’en voulant de ne pas avoir été un peu moins épicurien. Mais quand on aime passionément, on ne peut pas rien faire à moitié.


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Critique par Julie postée le 19-08-2011 à 16:15
Note : 8/10
Alors même qu'il s'agit d'un préquel ne possédant finalement que peu de liens scénaristiques avec L'Ombre du Vent, Le jeu de l'Ange reste une expérience de lecture très différente selon qu'on ait lu ou pas son prédécesseur.
Car si l'on y retrouve des ingrédients similaires (genre indéfini, ambiance victorienne, décor Barcelonnais et omniprésence des livres) la narration les pose presque en miroir l'un de l'autre.

Là où l'Ombre du vent pouvait apparaitre comme un récit à tiroirs, son préquel suit une structure presque linéaire, faisant tout de même progresser un récit parallèle via l'enquête de David Martin. Dans le mélange des genres comme des registres, le Jeu de l'Ange suit pour ainsi dire un cheminement inverse, au détriment d'une conclusion moins satisfaisante, d'un effet soufflé qui retombe.

Difficile d'expliciter plus sans ruiner la fin du livre, mais c'est bien le souvenir de L'Ombre du Vent qui m'a fait envisager une conclusion toute autre que celle de cet opus, qui suit finalement sa propre logique, pour un tout très cohérent mais peut-être un peu ... dommage. Quiconque découvre Le Jeu de l'Ange avec un regard neuf, vierge de lectures de Zafón risque d'éventer très vite les aboutissants du livre, les autres seront peut-être déçus par la résolution attendue et qui ne fait pas forcément honneur à une montée en puissance jusque là remarquable.

Parce que non, tout cela n'enlève rien au brio des pages qui précèdent, de plus en plus denses, noires, happant le lecteur dans une spirale dont il ne veut pas sortir. Il est réellement difficile d'éteindre sa lampe de chevet et de reposer, quand bien même on regrette souvent d'avoir choisi de poursuivre sa lecture seul la nuit. La magie de Zafón est dans sa capacité à créer des ambiances, son vocabulaire et son lyrisme au service d'une imagerie, d'un décorum justifiant à lui seul de découvrir Le Jeu de l'Ange.

Le roman titille cependant plus le cerveau que le cœur : plus le récit progresse, plus l'empathie à l'égard du narrateur se fait difficile. On devine bien que David ne pourrait pas aisément se sortir de la machination dans laquelle il est pris, mais le voir chaque fois renoncer à juste essayer est frustrant, et la dernière opportunité dont il se détourne achève de le rendre pathétique, pas loin d'être méprisable. Le personnage n'en est pas moins extrêmement bien campé, réel, humain dans ce que la définition a de moins glorieux, mais l'on finit par tourner les pages pour connaître le fin mot de l'histoire plus que par inquiétude pour son sort.

Reste un plaisir constant de lecture dans l'imprégnation de l'atmosphère mais aussi par l'intelligence du propos, la finesse de l'analyse, la poésie noire dans laquelle baigne le portrait du monde. Toute transparente soit l'intrigue, elle n'en est pas moins émaillées de réflexions claires et pertinentes sur la religion, la puissance de la fiction, le pouvoir des mots. de façon générale. Le tout est intégré de façon parfaitement organique au récit, l'enrichissant par une forme de mise en abime originale. Si L'ombre du vent s'adressait aux amoureux de la littérature, le Jeu de l'Ange transcende ce message pour bien parler d'écriture, et constitue ainsi une nouvelle pierre à un édifice littéraire dont on attend la suite avec impatience. Parce que comme souvent en fiction, la sincérité de l'auteur l'emporte sur tout le reste.


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