RSS Twitter Facebook

 Au bonheur des ogres
Auteur : Daniel Pennac
Année : 1985
Langue d'origine : français


9.5/10 (2 critiques)


Histoire :
Benjamin Malaussène, parfait frère de famille, est bouc émissaire. Employé dans un grand magasin, son travail consiste à endosser toutes les fautes d'un service contrôle technique inexistant pour apitoyer le client venu se plaindre. Mais lorsque, la veille de Noël, une bombe saute au sein des galeries, et qu'elle s'avère n'être que la première d'une longue série, le statut de bouc de Benjamin s'avère plus que jamais lourd à porter...
 
Critique par Julie postée le 07-12-2009 à 22:36
Note : 10/10
Premier tome d'une saga en 6 (ou 7, ça se discute) volumes, Au bonheur des ogres fait partie de ces quelques bouquins qui conjuguent ensemble tous les charmes du romanesque.

A savoir : une galerie de personnages tous plus savoureux les uns que les autres, baladés dans un décor très maitrisé au sein d'une intrigue policière et familiale menée de main de maître faisant faire au lecteur un grand huit émotionnel, entre tension et humour constant, le tout porté par un amour du verbe furieusement communicatif et composant un roman résolument moderne en sa façon de recycler des mythes ancestraux (à commencer par celui du bouc émissaire).

Le trait stylistique le plus appréciable de Pennac est à mes yeux sa capacité à orchestrer des intrigues et événements parfois à la limite du rocambolesque sans que jamais la crédibilité du roman en pâtisse. Parce que la voix de Benjamin, délicieux narrateur, sonne vraie quoi qu'il raconte. Si Au bonheur des ogres (comme ses suites) parvient à combiner une telle noirceur et un comique de situation quasi-constant, ce n'est pas en donnant dans l'humour noir, c'est en conservant le noyau brut d'humanité de ses personnages même tout au bout de l'horreur.

Personnages qui, au delà du plaisir de voir l'énigme trouver sa résolution (Pennac maîtrise avec une précision d'orfèvre chaque fil de son intrigue, parvenant même à entrouvrir discrètement les premiers tiroirs du second tome) et le faisceau de présomption convergeant sur Benjamin se délier, sont la raison qui garde le plaisir intact même après un nombre croissant de relectures : pour ma part, je ne me sens littérairement jamais autant en famille que dans ces livres. Chacun pourvu d'une personnalité suffisamment forte pour se détacher au sein de la (très) nombreuse tribu Malaussène, sans jamais sombrer dans la caricature grossière. Bref c'était pour ma part un plaisir de démarrer ce mois de Noël en assistant au leur, même s'il me faut sans doute alerter le lecteur novice en matière de Malaussèneries que sa vision du père noël pourrait s'en trouver légèrement mise à mal...

Si je ne crois pas plus à la perfection en littérature qu'ailleurs, je n'ai pas spécialement envie d'arrondir mon 9,9 au point du dessous. A Noël (à toute saison d'ailleurs) il y a des plaisirs qu'on n'a pas envie de se refuser.


Votre avis rejoint-il cette critique ?
Oui (15)
/ Non (5)

Ca donne envie de découvrir le livre ! (3)
Critique par Florence postée le 22-07-2011 à 07:35
Note : 9/10
Premier constat, Monsieur Daniel Pennac a une plume, et une bien jolie plume en plus de ça. Dès les premières pages, on sent l’amour de l’écriture derrière chacune des tournures, et le plaisir que l’auteur prend à jouer avec les mots et à les combiner pour raconter une histoire, stylistiquement très maîtrisée et débordante d’imagination.

De ce plaisir évident, naît un roman résolument fictif dans son intrigue mais réaliste dans son décor et son contexte. Benjamin Malaussène travaille comme bouc-émissaire dans un grand magasin parisien. Appelé dans le bureau du patron dès qu’un client est mécontent d’un produit, son boulot consiste à endosser toutes les fautes liées au mauvais fonctionnement de l’objet jusqu’à ce que le client ait pitié de lui et retire sa plainte. Problème : lorsque des bombes commencent à exploser dans le magasin, il constitue le coupable idéal et a toutes les peines du monde à se débarrasser de son rôle de « bouc ».

Quand il ne travaille pas, Benjamin doit s’occuper de ses frères et sœurs, leur mère étant partie batifoler loin de la maison (il semblerait que ce ne soit pas la première fois). De ce fait, Au bonheur des ogres est un mélange habile entre rocambolesque et vie quotidienne, entre affaire de meurtres et (pré)occupations familiales. Sans parler d'une touche romantique très drôle avec Tante Julia. Chaque membre de la tribu Malaussène a son trait de caractère, un peu appuyé dans ce premier tome – mais qui se nuancera peut-être dans la suite de la saga ? – et contribuent tous, de manière plus ou moins directe, à l’élaboration de la trame principale. La profusion d’informations peut être un peu déconcertante par moments - surtout quand le protagoniste Benjamin commence lui aussi à raconter des histoires dans l’histoire - mais le résultat est un roman intelligent, frais et drôle malgré la noirceur des éléments criminels et policiers.

Un coup de cœur bien mérité, donc, pour un livre dont on m’avait beaucoup parlé. Je ne lui attribuerai pas la note maximum même si je ne doute pas qu’un jour, dans quelques années, je me replongerai dans ces pages et que je trouverai la lecture aussi agréable (voire peut-être même plus agréable). Mais c’est justement à cause de cette dernière parenthèse que je ne veux pas lui donner 10. Il me semble qu’Au bonheur des ogres est un de ces livres qui peut devenir encore meilleur après maturation, à la deuxième ou troisième lecture, quand l’on connait assez les personnages et que l’on a les clés nécessaires pour déchiffrer l’intrigue au fil de l’eau, en anticipant les astuces scénaristiques. Dans tous les cas, je vous conseille vivement d'en faire la première découverte si ce n’est pas déjà fait. Pour ma part, j’ai déjà prévu d’enchaîner bientôt sur le deuxième tome, La fée carabine.


Votre avis rejoint-il cette critique ?
Oui (8)
/ Non (1)

Ca donne envie de découvrir le livre ! (1)
EN DIRECT DE TWITTER
VOUS AIMEREZ PEUT-ETRE...
Aucun film/livre n'a pu vous être recommandé.

(Comment ça marche ?)