La Vieille Anglaise et le Continent de Jeanne-A Debats pourrait être renommé "tous à vos bonnets rouges" ! L’ouvrage suscite autant les critiques enthousiastes que les prix depuis sa publication. Mais que se cache-t-il derrière ce titre mystérieux pour obtenir un tel engouement ?

Ann est une biologiste chevronnée et reconnue, rongée par la maladie, la mort proche. Il s’agit de notre vieille anglaise, un personnage dont le caractère bien trempé et cynique laisse apparaître un amour entier pour l’océan et ses habitants. Quant au continent, il vaut mieux en taire la signification pour ne pas gâcher la lecture.
À la suite des demandes pressantes d’un ancien étudiant, Ann accepte une transmnèse, ici commence la science-fiction, autrement dit le transfert de sa conscience dans un autre corps et pas n’importe lequel : un cachalot. Le but de l’expérience est de mieux comprendre les cétacés et comment les préserver. La novella se situe dans un futur proche et l’avenir de ces grands animaux marins est plus que jamais menacé.

Le style rapide et sobre, à endroits passionné, sert l’histoire et permet une immersion totale. La magie s’opère et le lecteur se laisse entraîner dans les fonds marins par Ann en cachalot plutôt maladroit. Cependant, la poésie est de courte durée et Jeanne-A Debats ne manque pas de nous ramener à une réalité glaçante. La science-fiction se fait oublier au profit d'un sentiment douloureux, conséquence de nos actions sur le grand bleu, mais pas que...

Loin des monologues d'un Hulot en perdition politique ou d'un Yann Arthus-Bertrand dans son perpétuel hélicoptère, Jeanne-A Debats nous sensibilise de manière intelligente et fantastique à la cause des cétacés et de ceux qui œuvrent pour les préserver : un ouvrage à traduire de toute urgence en japonais.

On peut regretter une fin dont seule la soudaineté m’a surprise, conclusion d’un fil directeur qui ne m’avait guère passionnée. Il n’empêche qu’on aimerait tous, après avoir tourné la dernière page, refaire un plongeon dans les fosses abyssales en compagnie de 2*2*2 et s'abandonner au continent.

Pour conclure, la vieille anglaise et le continent se trouve être une lecture sans prétention, mais où la passion de l'auteur pour nos lointains cousins marins transpire à chaque ligne: le point fort de cette novella.