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 Jodaeiye Nader az Simin (Une séparation)
Réalisateur : Asghar Farhadi
Année : 2011
Acteurs : Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini
Pays : Iran


9/10 (1 critique)


Synopsis :
Parce que sa femme le quitte, un homme est contraint de trouver dans l'urgence quelqu'un pour garder son père malade la journée.
 
Critique par Julie postée le 11-07-2011 à 19:42
Note : 9/10
Il y aura mille qualités à reconnaitre à cette Séparation, la première étant peut-être de savoir surprendre le public que nous sommes. Pas seulement par ses développements narratifs très finement gérés mais aussi et surtout par son rendu bien plus universel que n'aurait pu le laisser penser sa nationalité. Car si Asghar Farhadi esquisse le portait d'une société iranienne connaissant justement son lot de clivages, de séparations, il ne le fait jamais que par le prisme de son histoire et de son matériau humain, tous deux d'une remarquable densité.

Le scénario comme la caméra (chacun très habile) ne s'éloignent en effet jamais des personnages, sans pour autant les emprisonner dans le cadre du script, multipliant interactions, confrontations, points de vue externes et éclairages nouveaux. Ainsi l'imbroglio juridique dont il finit par être question est perçu sous l'angle des motivations personnelles, qui pervertissent bien évidemment non pas le système (la justice tient ici parfaitement sa place) mais les mouvements et choix des personnages en place. Au fond, Une séparation est une sorte d'échiquier où les pions ne seraient pas rassemblés sous la bannière des blancs et noirs, agissant pour le bien du roi, mais où chacun établirait sa propre stratégie pour ne pas être éjecté du plateau. Ainsi ne se dessinent pas deux camps opposant les deux familles en litige mais une multitude de fils qui tissent un scénario extrêmement solide et malin.

Le film joue par ailleurs remarquablement de sa temporalité et de sa structure, prenant le pari de nous faire connaitre ses protagonistes sur la mince bande de temps où se concentrent les événements, et y réussit sans peine, en sachant s'attarder un rien sur un quotidien lourd de significations comme en jouant intelligemment de ses ellipses (le montage est là aussi très bien pensé). En résulte un enchevêtrement narratif surprenant et cohérent, menant à une fin en dents de scie et pourtant tout à fait satisfaisante.

Joli paradoxe : alors que c'est justement la finalité même d'une enquête policière comme juridique (processus ici au cœur de la narration), il n'est pas en fait jamais question pour l'auteur de déterminer qui a tort et qui a raison. Parce que tous auront tour à tour tort ou raison, et tous seront sujets aux mépris comme à l'admiration. Asghar Farhadi ne juge aucun d'entre eux, et sa formidable troupe d'interprètes (les deux rôles masculins sont impressionnants d'intensité et de subtilité) contribuent à une empathie permanente (et parfois éprouvante) à l'égard de tous, quand bien même leurs points de vue semblent incompatibles.

Car ce n'est pas un hasard si Une séparation s'ouvre et se conclue devant le bureau d'un juge à qui se substitue le regard de la caméra subjective. La boucle est bouclée, la partialité restée de mise : au spectateur de trancher.


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