A la base, « Extrêmement fort et incroyablement près » est un livre, un livre tout juste splendide, qui figure en bonne position parmi mes livres préférés. J’étais donc à la fois très impatiente et assez sceptique de découvrir l’adaptation cinématographique faite du voyage proposé par Jonathan Safran Foer.

Force est de constater que le film s’éloigne du livre pour n’en garder que quelques repères clés. En même temps, vu la densité et le contenu du livre, l’adapter autrement aurait été sans doute plus délicat… On perd donc beaucoup de la poésie de l’œuvre initiale en se centrant davantage sur la quête d’Oskar, et la ville de New-York devient un personnage à part entière… Par où commencer cette critique ?

Le jeu des acteurs tout d'abord est un des points forts du film. Du plus jeune aux plus anciens, tous sont assez exceptionnels dans leur rôle et difficile de ne pas y croire, de ne pas les croire. On saisit rapidement toute la beauté du personnage joué par Zoe Caldwell - quel dommage qu’elle n’apparaisse que si peu - et Thomas Horn tout comme Max von Sydow donnent vie à leurs personnages hors-du-commun. Tous trois laissent entrevoir, comme Tom Hanks lors des flashs backs, une part d’imagination fantasque ainsi que les jeux avec les mots et expressions. On passe ainsi des larmes aux rires. Les relations entre les personnages sont assez bien traitées et certains développements sont très intéressants - notamment la relation entre le personnage de Sandra Bullock et celui de Thomas Horn.

L’autre point fort de ce film est la patte omniprésente du réalisateur. Pas de doute, Stephen Daldry plante les ambiances et les décors comme personne. Chaque plan est parfait et je serais bien restée plusieurs heures encore dans ce film tellement j’y étais bien. Tout comme il l’avait fait dans ses précédentes adaptations, Stephen Daldry conjugue avec merveille éléments dramatiques (qu'ils soient liés au 11 septembre ou non) et éléments de la vie quotidienne.

Mais il y a dans ce film un côté ultra-dramatique qui m’a un peu gênée par rapport à ce qu’est l’œuvre de Jonathan Safran Foer.

Certaines choses ont été raccourcies ou réarrangées pour plus de facilités au niveau du scénario et cela donne une tonalité fausse, et très passe-partout, on se croirait parfois dans un feuilleton à grosses ficelles, avec des retournements risibles et des scènes où la musique et les images sont posées tel qu’il semble indiqué au spectateur de pleurer à ce moment-là. On perd aussi des personnages, qui sont soit tout à fait absents, soit juste esquissés alors qu‘ils occupaient une part importante dans le roman.

Il faudra donc laisser de côté le livre pour pouvoir profiter pleinement du film. Reste alors un film bien ficelé et très beau.