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 The Artist
Réalisateur : Michel Hazanavicius
Année : 2011
Acteurs : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell
Pays : France, USA


5/10 (1 critique)


Synopsis :
Un acteur du muet voit sa carrière décliner à l'arrivée du parlant, tandis qu'une jeune starlette qu'il a contribué à lancer devient peu à peu la nouvelle coqueluche d'Hollywood.
 
Critique par Julie postée le 28-05-2012 à 17:53
Note : 5/10
Qu'on ne se méprenne pas, The Artist n'est pas en soi un mauvais film, plutôt à mon (humble) sens un film raté. C'est surtout un film qui m'est résolument neutre, et j'ai plus souffert du décalage monstre entre la réception de la critique et ce que je voyais que des soucis de l'oeuvre en elle-même. Car The Artist demeure un bon moment - quoiqu'un peu longuet -, et qu'il n'est pas interdit de n'attendre que ça d'un film. Le problème c'est qu'avec la déferlante de prix et de retours dithyrambiques annonçant le chef d'oeuvre de l'année si pas de la décennie, on était justement en droit d'attendre plus.



The Artist, c'est un film qui a mis toute son ambition et toute sa créativité dans sa reproduction des codes du muets. Il n'a pourtant n'a ni la densité ni le charme d'aucun des films muets que j'ai pu voir, enfant ou adulte. Le noir et blanc n'est pas si beau, passé quelques scènes bien pensées, la plupart des plans sont sans invention, et surtout, le film n'est pas écrit, tourné ou joué comme un muet. Là on un vrai muet tenterait de minimiser les dialogues et jouerait de ses inserts écrits, The Artist ne fait rien de tel, et ressemble plus à un parlant dont on aurait perdu la piste son. Le problème c'est que je n'ai jamais réussi à déterminer si c'était un choix voulu, pour placer le film entre l'hommage et l'oeuvre originale, aller plus loin que le pastiche.

Parce que ça pourrait. Ca démarre franchement bien, avec une jolie mise en abime qui laisse présager un double-regard, un film qui parlerait de cinéma. Mais passé une ou deux blagues meta-textuelles, ça s'arrête là. Et derrière les filtres, la lumière, le cadrage, le film ne semble justement... qu'être un pur pastiche, écrit sans réel recul et qui ne profite en rien du fait d'être tourné en 2011, d'avoir un autre regard sur le cinéma. The Artist passe à coté de son propos, misant tout sur le décalage visuel sans profiter de son ancrage dans notre époque pour pousser un peu le bouchon. D'autant plus dommage qu'il sortait à une période idéale, ce moment charnière du cinéma dont les paradigmes sont en train de changer.

L''écriture dans l'ensemble est pauvre, l'histoire d'amour cousue de fils blancs (sur fond noir) très apparents, la destinée des deux protagonistes linéaires et prévisibles, et surtout, rien ne vient étoffer l'ensemble, très léger jusqu'à une fin un peu téléphonée. Très peu si pas de surprise. Les rares moments où il s'autorise à quitter son chemin hyperbalisé, Hazanavicus n'ose aller au bout de son idée, se permettre la vraie folie (ou la vraie réflexion) car toutes ces séquences s'avèrent oniriques ou justifiées par l'état d'ébriété avancé du protagoniste. De ce coté là pas énormément d'investissement émotionnel non plus... A nouveau on doit plus à la forme qu'au fond car le casting s'en sort très honorablement. Jean Dujardin est plus plastique / élastique que subtil mais il faut dire qu'il rend très sympathique un personnage pourtant fin comme du papier à cigarette. Même chose pour Bérenice Bejo : à l'écriture, Peppy Miller est quelconque mais l'actrice lui prête tout son charme.



Du coup, malgré tout, cela fonctionne, au moins sur le plan du divertissement. Passé un ventre mou au milieu du film, on le regarde sans déplaisir, en appréciant en arrière-plan le personnage de James Cromwell, et en absorbant l'enthousiasme et le plaisir ultra communicatif de la toute dernière séquence. Ce qu'il y a à aimer dans The Artist, ce n'est pas tant l'objet film en soit que son existence ici et maintenant, c'est l'intention plutôt que le résultat. Le genre d'intention qui donne envie de cocher "coup de coeur" sans que le film ait forcément fait battre le votre... Pourtant tout lui est adressé, car The Artist s'apprécie si l'on oublie toute ambition narrative, si l'on déconnecte un peu les neurones pour se laisser porter par une belle distribution et une musique (anachroni... chut le cerveau) très réussie. Je regrette juste que le film ne m'ait été plaisant que parce que me ramenant à des souvenirs d'enfance, faisant vibrer la corde de la nostalgie... Dommage pour un film dont le seul message apparent soit "s'adapter ou mourir", "vivre avec son temps".

La grande qualité de The Artist, c'est donc son audace formelle, son pari un peu fou... en somme, c'est d'être muet. Son grand défaut étant de n'avoir rien à dire. Au fond il ressemble plus, non pas à un hommage au muet, mais à un hommage à l'idée qu'on se fait du muet aujourd'hui. Mignon, mais franchement, préférez mille fois y (re)voir Sunset Boulevard, A star is born et bien sûr Singing in the rain.


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