Du vent dans mes mollets |

Année : 2012
Acteurs : Juliette Gombert, Anna Lemarchand, Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Isabelle Carré, Isabella Rossellini, Judith Magre, Elsa Lepoivre...
Pays : France










8/10 (1 critique)
Synopsis :
Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d'amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de l'intrépide Valérie. Ensemble, elles jettent un sacré pavé dans la mare et réveillent bien des âmes endormies.
Critique par Stéphanie postée le 07-09-2012 à 00:21 Note : 8/10 ![]() | |
Aussi étrange qu'il y paraît, j'aimerais commencer cette critique par la fin du film, en évoquant l'ambiance qui régnait alors dans le cinéma. Habituellement, il y a toujours des spectateurs qui se lèvent dès les premières notes du générique de fin, et qui descendent les marches pour sortir de la salle. Avec Du vent dans mes mollets, rien de ça. Les notes de la chanson de Barbara, les dernières scènes, ont fait que chacun des spectateurs est resté dans son fauteuil. Pour faire durer le film encore un peu, pour essuyer ses larmes aussi... le silence de la salle était percé du bruit de paquets de mouchoirs qu'on ouvre délicatement, certains bras se levaient à la hauteur du visage avant de se baisser. Du vent dans mes mollets est un film qui pourrait ressembler à mille autres films et qui pourtant n'y ressemble pas. Il y a un petit grain de folie en plus, et de justesse très certainement malgré l'apparente caricature. On rit de broutilles puis la gorge se serre, et vice-versa. Le film dépeint l'enfance dans sa globalité : à la fois cruelle, cynique, solitaire, plurielle, amusante, loufoque... sans oublier le monde des adultes. Les années 80 offrent un décor à la fois dingue et parfait à l'amitié naissante entre Rachel -Raphaëlle- et Valérie. Chacune sa famille de fous attachants : qui une mère étouffante qui confectionne des boulettes avec amour, un père rescapé de "Oshvitz" qui installe des cuisines Mobalpa, et une grand-mère paralysée en guise de voisine de lit ; qui un frère bourreau des coeurs et une mère bohème aux ongles de pieds multicolores. Les deux fillettes déteignent l'une sur l'autre, le caractère intrépide de l'une jouant des angoisses de l'autre et on se plaît à suivre leurs aventures, que ce soit à l'école ou chez elles. Difficile de ne pas retrouver parmi les leurs des bouts de ses propres souvenirs, de ne pas s'identifier à ces petites adolescentes : la jalousie, l'envie, l'école, la peur de la mort, les questionnements sur l'amour, les débuts de la sexualité, les jeux à la barbie, les parodies et autres déguisements... Carine Tardieu retranscrit aussi bien ces rires un peu gras qu'on ne peut retenir que l'ennui et les désillusions. Elle éclaire tout un pan de l'enfance qui est souvent mis de côté dans la fiction : à savoir que c'est un moment difficile, où l'on est très vite mis à l'écart, en s'attachant à des détails insignifiants qui ont leur importance. Elle ne délaisse pas pour autant le côté féerique et magique de ces jeux inventés sur le pouce, de ces confidences grandes comme ça et chuchotées à l'oreille, de ces fous-rires à n'en plus finir partant d'un rien du tout... Elle parle d'amour aussi. Entre une mère et sa fille, entre une femme et son mari. Car il s'en passe des choses dans ce film à l'eau rose (souvent sagement teintée), au milieu de personnages tout aussi colorés les uns que les autres ! D'ailleurs, si les deux petites actrices sont formidables, les adultes ne sont pas en reste et leur partition est elle aussi d'une justesse saisissante : Agnès Jaoui est méconnaissable, Denis Podalydès toujours aussi exceptionnel et Isabelle Carré plus que rayonnante. Et que dire des interprètes de madame Trebla (blablabla), de la grand-mère et de l'institutrice (qui permet d'évoquer d'autres thèmes) ? De leur coiffure, de leur style vestimentaire ? On se croirait vraiment dans un univers à part (et pas tant que ça), où tout est raconté à travers les yeux des enfants, avec une bande son qui fait écho à nos propres souvenirs... Votre avis rejoint-il cette critique ? |