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 Frozen (La Reine des Neiges)
Réalisateur : Chris Buck, Jennifer Lee
Année : 2013
Acteurs : Kristen Bell, Indina Menzel, Josh Gad
Pays : Etats Unis


9/10 (1 critique)


Synopsis :
Dotée du pouvoir de manipuler la glace, mais incapable de réellement le contrôler, la jeune Elsa, héritière du royaume d'Arendelle, grandit isolée de tous, y compris de sa petite sœur Anna. Quand son rôle de reine contraint finalement Elsa à sortir au grand jour, la panique déchaîne sa magie et lui fait plonger Arendelle dans un hiver éternel. Alors que le royaume voit en elle un monstre et la pousse à la fuite, Anna se lance à la recherche de sa sœur, persuadée de pouvoir provoquer le dégel...
 
Critique par Julie postée le 07-02-2014 à 10:03
Note : 9/10
Il existe un adage prétendant qu'"un Disney n'est jamais aussi bon que son méchant", auquel j'ai longtemps cru moi-même (et qui font de Basile Détective Privé ou de Bernard et Bianca deux de mes films préférés de la firme). Pourtant jamais l'adulte que je suis - tout de même capable de voir et de revoir des films d'animation sans cynisme - n'aura été autant emballée par un Disney qu'avec Frozen, fresque dépourvue de la figure du méchant et qui s'évertuera d'ailleurs tout du long à briser plus d'un cliché inhérent aux films Disney.

Ce n'est pas qu'il ne s'agisse pas là d'un classique, bien au contraire. Rarement un Disney aura été si musical, si lyrique, si émotionnel... Si le film est d'une qualité plastique exceptionnelle (la séquence du palais de glace est une merveille de technicité, les décors du Fjord gelé sont à couper le souffle) c'est avant tout la narration extraordinaire qui fait sa force, et prouve que le studio est revenu, depuis quelques années, à son talent premier : raconter des histoires. Ainsi, même coincé dans la courte durée de pellicule et de temps vécu propre aux dessins animés pour enfants, le scénario développe des personnages fins et se base avant tout sur la complexité des relations entre eux (relation brisée entre Elsa et Anna, ou précipitée entre Anna et Hans).




Le montage est très réussi et de fait chaque scène est justifiée, minutieusement sculptée dans le bloc de glace narratif qu'est Frozen, chansons comprises, servant à introduire les personnages, ou à réellement faire avancer l'histoire. A ce titre, le morceau "Do you want to build a snowman ?" et ses trois variations graduelles compose une séquence tout à fait remarquable, couvrant dix ans en trois minutes tout en étant capable de rendre compte des émotions des personnages. Ce sont eux, et particulièrement le duo Anna / Elsa, qui sont le cœur du film, mon seul regret tenant d'ailleurs au faible temps d'écran consacré à la perception d'Elsa sur les événements, tant cette Reine des Neiges est l'un des personnages les plus fascinants jamais créés par Disney. Anna est l'héroine, mais nul doute que beaucoup s'identifieront à sa sœur aînée, torturée par une différence qui n'appelait pas à tant de malheur.

Sans jamais voler la vedette aux deux sœurs, les personnages annexes s'intègrent parfaitement dans l'histoire, jusqu'à Olaf, la caution enfant / cartoonesque du film, loin d'être un simple élément comique tant son existence même contient tout le symbolisme de la relation Anna / Elsa, incarne les souvenirs heureux d'Elsa et les mêmes souvenirs perdus d'Anna. Au delà de ça reconnaissons qu'un personnage de bonhomme de neige ignorant de sa condition et rêvant de pouvoir bronzer sous le soleil estival a quelque chose de tout à fait irrésistible, et son physique de neige permet un humour burlesque et parfois presque noir qui fait mouche à chaque fois.



Bien sûr les performances du casting ne sont pas pour rien dans l'attachement que l'on porte aux héros : Kristen Bell est drôlissime et Indina Menzel grave et attendrissante à la fois. Leurs deux voix très différentes se mêlent à la perfection dans des performances très inspirées de Broadway... de manière générale, la musique est sublime (impossible d'imaginer que l'Oscar n'aille pas à la superbe ballade centrale, "Let it go") et participe à créer une émotion palpable. Un second visionnage ou une écoute de la bande originale a posteriori font d'ailleurs réaliser la finesse des thématiques (le morceau d'ouverture, "Frozen Heart", est un présage de toute la suite, et même la chanson "Fixer Upper" ne parle pas tant de Kristoff que d'Elsa). La bande son instrumentale n'est pas en reste, accentuant l'ambiance très scandinave du film (les petits éléments culturels instaurés ça et là apportant beaucoup à son atmosphère unique parmi les Disney.)

Au final, Frozen est avant tout un film parfaitement équilibré, entre aventure, humour et émotion brute (si vous avez une sœur, vous êtes obligéE de le (re)voir avec elle) dont le point d'orgue reste les messages véhiculés, implicites ou explicites. Difficile de trop en dire sans gâcher quelques surprises du scénario, mais reste qu'avoir deux sœurs comme réelles héroines du film et ne jamais voir ces princesses devenir des "demoiselles en détresse" est une vraie respiration (et un pas en avant que l'on espère suivi de beaucoup d'autres.) Rare aussi qu'un film sorti de studios aussi codifiés et manichéens ait pour esprit et thème central l'idée que l'on peut être soi-même ("Let it go") tout différent que l'on puisse être, et être aimé très exactement comme cela.

Finalement, presque plus que sa déclaration (clichée mais très vraie) sur les effets magiques de l'amour que l'on veut bien donner aux autres, c'est un message aussi malin qu'inattendu que délivre ce dernier Disney : naître différent n'est une malédiction que si l'on réagit comme tel.


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