Une belle équipe d'acteurs déjantés pour un film qui ne l'est pas moins. George Clooney et John Malkovitch campent des personnages assez fidèles à eux-mêmes. Frances McDormand et Brad Pitt, par contre, sont drôles à souhait et volent la vedette du film.

En fait, il vaut mieux aller voir "Burn After Reading" sans savoir à quoi s'attendre. Je peux comprendre que certains soient déçus du résultat ; personnellement j'adore l'idée ! La conclusion est mémorable, tout comme les autres réactions de la CIA face aux évènements.

En bref, un film sombre qui ne l'est pas vraiment. Un nouveau petit bijou de comédie et d'absurdité des frères Coen qui me fait penser au film "Adaptation" de Charlie Kaufman, dans le même genre. On aime ou on aime pas : moi, j'adhère !

Un formidable petit film-paradoxe, où si tout semble partir en roue libre (histoire, acteurs) tout est en vérité maitrisé de bout en bout. Et parce que chaque élément est pensé, cette valse des idiots peut partir de la comédie (si ce n’est du drame) de mœurs pour finir dans l’absurde en s’étant au passage offert le luxe de prendre des allures de film noir.

Après une mise en place des personnages qui semble un tantinet laborieuse mais s’avère parfaitement structurer la suite, les intrigues s’emboitent, intensifient leurs dynamiques respectives et finalement, plus le film avance, moins on souhaite le voir se terminer.
Tandis que les acteurs, tous absolument formidables, gesticulent, la caméra reste sage, presque froide, observant tout de loin à la manière de la hiérarchie de la CIA qui ne perd pas une miette du spectacle mais ne contrôle au final absolument rien.
Car le film n’épargne personne : la figure du crétin n’y est pas celle d’un homme gentiment naïf, innocent et pétri de bonne volonté, mais bien celle du crétin tout court, animé par la force des ses inébranlables certitudes et convictions (bien évidemment toutes fausses.) Et c’est sans doute là ce qui fait le caractère jouissif du film : il est sans complaisance ni excuses à l’encontre de la bêtise humaine.

La conclusion n’y déroge pas, « tout ça pour ça ? » Oui. Un parti pris risqué. Car on peut certes, à l’aune de leur filmographie, voir dans « Burn After Reading » un Cohen ‘mineur’. Si l’on juge en fonction du plaisir pris à le voir, il n’en sera rien.