Dans ce nouveau film choral construit autour d’un dîner, Danielle Thompson concocte, à l’image du cuistot attitré de l’histoire, encore et toujours la même recette. Et les ingrédients sont de qualité inégale, le très fin côtoyant la junk food : la réalisation plate, voire téléfilmesque, est rattrapée par un montage intelligent, les dialogues sont tantôt exagérés et poncifs, tantôt incisifs et sincères, et si l’on excepte Emmanuelle Seigner (faussement éthérée, vraiment agaçante) la troupe de comédiens, Marina Foïs en tête, relève le goût de cette petite satire sociale qui aurait mérité d’être autrement plus piquante. Quitte à regarder un dîner de cons, le cinéma en a proposé un autrement plus réjouissant…

Car le plat finalement servi est fade, voire un peu mou, sans doute de trop avoir été réchauffé au four micro-ondes du cinéma français. Pourquoi faut-il que ce soit encore les mêmes soucis, les mêmes histoires des mêmes bobos parisiens certes sympathiques mais dont les préoccupations ne touchent pas toujours, faute de fraicheur, faute de proximité, aussi, avec ce que vivent les gens dans le monde réel.

De plus le scénario souffre d’une incapacité à rester implicite, subtil, et il faut que le propos du film soit prononcé à haute voix ça et là, comme si le spectateur était totalement incapable de percevoir ce qu’il y avait sous le vernis que Thompson se veut écailler tout au long de son film.

Certes « Le code a changé » a les qualités de ses défauts : ce coté familier, rassurant, que l’on a en choisissant de manger à nouveau son plat (surgelé) préféré plutôt que de prendre le risque d’essayer quelque chose d’inédit, de frais.
Au bout du compte, ce manque d’audace rend donc le film parfaitement digeste, et même plutôt plaisant sur le moment, mais cette digestion effectuée, peu de chance que le palais du cinéphile en garde un quelconque souvenir.

Un film sympathique, mais sur un thème et un traitement vus, revus, et dont le prochain avatar pourrait bien finir par donner la nausée. Le seul code qui ait vraiment changé est bien celui de la porte d’entrée, ceux de ce type de cinéma restant encore une fois figés. Il n'y a cependant aucune honte à ne chercher au cinéma qu'à satisfaire une envie de distraction, de passer le temps, et si tel est le cas il convient de ne pas bouder ce petit film qui le fait finalement plutôt bien.