Appréciant les histoires de Neil Gaiman et enchantée à chaque revisionnage de The Nightmare Before Christmas d'Henry Selick, je partais avec un a priori positif sur Coraline, film qui mixe l'imaginaire des deux bonshommes puisqu'adapté d'un roman du premier par le second.
Et mises à part une morale un peu simple (mais assénée beaucoup plus légèrement que chez Disney) et quelques longueurs, cet hybride fut à la hauteur de mes attentes.

Si l'histoire en elle-même n'est pas d'une franche originalité, les thèmes restent intéressants et bien exploités (moi aussi, j'ai souvent eu envie d'autres versions de mes parents) et surtout, l'univers est lui d'une inventivité riche et délicieuse. Le cirque des souris, le théâtre des chiens (qui m'a curieusement évoqué une scène de Mulholland Drive), l'aspect fête foraine macabre du film... Ce sont dans les décors, les détails et les personnages secondaires que se nichent les merveilles (sans merci) d'un monde où Coraline, version plus caractérielle d'Alice (au pays des dites merveilles) va remettre en perspective sa vision des choses.

Le personnage est d'ailleurs assez savoureux entre son comportement parfois injuste (enfantin, donc) et son agacement (plus adulte) parfaitement légitime à l'encontre de parents négligents. Ses interactions avec ses parents (originaux) sont assez drolatiques, d'autant plus appréciable que le film manque un rien d'humour.

Sur la forme, l'image, animée à l'ancienne, participe à une ambiance féérico-horrifique de tous les instants, la 3D créé des effets saisissants (même si le voir en 2D ne doit finalement rien enlever au plaisir de la séance) et les acteurs sont remarquables. On note la complicité intacte de Jennifer Saunders et Dawn French dans leurs rôles de voisines improbables, et Teri Hatcher donne vraiment toute leur substance à ses deux personnages dissemblables - sa voix seule inspire une terreur saisissante.
La qualité de l'interprétation confine d'ailleurs son âme au film aussi sûrement que les images, car il serait facile de ne voir que la prouesse technique et d'oublier les personnages en tant que tels.

Il n'en est rien, et au final, ce qui fait le charme de Coraline, c'est ce retour aux sources. Car derrière la modernité des images, mi-gothiques, mi-rose bonbon, se cache un pur conte de fée à l'ancienne : enchanteur et terrifiant.