Il y a des films pour lesquels on regrette clairement d'avoir gaspillé le prix d'une place de cinéma. District 9 en fait partie, et j'avoue avoir été tentée de partir avant la fin.

J'ai trouvé ce film long, laborieux, inutilement violent et, au final, profondément ennuyeux. Le personnage principal est agaçant à souhait et très peu intéressant, ce qui pose un sérieux problème puisque l'intrigue tourne entièrement autour de lui.

Au dela de la réussite visuelle et technique, District 9 est un film lourd, moralisateur, un peu trop bourrin et pas franchement subtil.

Afin d’obtenir District 9, mettez trois louches d’extraterrestres, faites revenir dans un contexte socio-démographique pauvre et violent, soyez généreux sur le contrôle d’une multinationale, pimentez à la xénophobie, procédez à quelques expulsions de force, rajoutez de grandes lamelles de scènes dignes de jeux vidéos et, enfin, saupoudrez d’une touche d’humanité. Ou d’extraterranité, ça marche aussi.

Pour bien comprendre ce film, il doit être replacé dans son contexte :District 9 est un pur produit sud-africain, du fait de la nationalité du réalisateur et des acteurs, mais aussi des problématiques qu’il aborde et de son ton sans concession. Inspiré par le quartier District 6, zone réservée aux blancs où les noirs ont été expulsés de force dans les années soixante, le scénario s’attaque aux blessures encore tenaces de l’Afrique du Sud, via le rejet d’extraterrestres gangrénés par la pauvreté et la violence, au centre de toutes les peurs communautaires.
Le réalisme du film est accentué par la manière de filmer, en mode documentaire, et grâce au personnage principal, Wikus van der Merwe (forcément, nom d’origine hollandaise) qui évolue du cravateux insupportable de courbettes, pas plus intéressé au sort des extraterrestres que la moyenne, vers un militant par la contrainte puis fanatique. A noter que les extraterrestres ne sont pas en reste, loin de la figure de victime, ils remplissent leur rôle de tenancier de l’économie parallèle du township.
Le film surprend par la tournure des évènements qui, après avoir dépeint la société sud-africaine en remplaçant « noir » par « extraterrestre », s’oriente du politico-social vers l’anti-trust et l’anti-militarisme. Il faut ajouter à cela deux amours inconditionnels qui constituent le moteur des personnages principaux, celui d’un père pour son fils et d’un homme pour sa femme.
Problème, le réalisateur Neill Blomkamp en a trop fait. La deuxième partie du film comporte des longueurs, notamment dans les scènes d’actions où l’on se demande si on est bien au cinéma ou à un championnat du monde de Doom. Heureusement, quelques touches d’humour parsèment le tout (on se rappelle le cochon volant), mais finalement l’histoire s’achève sur une fin entendue.

Pour conclure, District 9 pourrait se définir comme une satire sociale, un film de science-fiction, un pamphlet anti capitaliste, un blockbuster d’action et une histoire d’amour. Cela fait beaucoup à digérer en une heure cinquante, mais cette production a le mérite de nous dépeindre les extraterrestres d’une manière qui n’avait jamais été faite (ou si peu) au cinéma et, de nous présenter un miroir où l’on reconnaît bien trop souvent notre journal-télé.