Il fut un temps où James Bond régnait en maître sur le petit monde des films d’action. Au flegme britannique, charmant et drôle, l’espion nommé 007 était avant tout un séducteur qui maniait avec autant d’aisance la prose et ses gadgets époustouflants. Oui mais voilà, Jason Bourne et autres comparses sont arrivés pour relever bien haut le flambeau du genre et James s’est soudain senti démodé. De quoi justifier, sans doute, une volonté de remettre les choses à plat.
Casino Royale, propose donc de retourner aux sources de la saga, et par conséquent aux premiers romans. Avec en prime un nouveau Bond blond et viril qui oublie la politesse et fonce toujours droit vers les problèmes. Boosté à l’adrénaline, l’agent secret des années 2000 ne connait pas la nuance. Il aurait même tendance à la mépriser. Et ce qui aurait dû être une qualité cinématographique devient alors un énorme défaut.
En effet, le film peine à concilier ses pics d’action survitaminés avec des scènes d’une platitude affolante, tournant toutes autour d’une partie de poker assez navrante. Elément central du scénario, elle se révèle n’être au final qu’une broutille sur laquelle le spectateur s’attarde bien trop. Frustré, il se tourne alors vers le reste de l’histoire, qui déçoit forcément, avec ses traits forcés. Car les qualités du livre d’origine ne passent pas toutes bien sur le grand écran.
Pas de vilain digne de ce nom. Pas de rebondissement à la Bond. Rien de tout cela. Pas même de réel danger impliquant l’urgence. Non, rien que l’histoire d’amour d’un agent double usé par une routine qu’il vient pourtant tout juste de découvrir. Mais le film n’est pas à un paradoxe près. Les dernières minutes scénaristiquement catastrophiques suffisent à s’en convaincre.