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 Barbe bleue
Auteur : Amélie Nothomb
Année : 2012
Langue d'origine : Français


2/10 (1 critique)


Histoire :
Une jeune fille férue d'art emménage pour un loyer dérisoire dans l'hotel particulier aristocrate reclus, dont toutes les précédentes colocataires ont mystérieusement disparu...
 
Critique par Julie postée le 03-09-2012 à 10:03
Note : 2/10
On pense souvent (et à raison) qu'une critique d'une oeuvre que l'on a pas aimé est plus facile à écrire (et plus amusante à lire). Parce qu'il est plus aisé d'identifier les sources de notre malaise ou dépréciation que de retranscrire un ressenti positif - qui parfois ne s'explique pas (tout le principe de la magie).

Sauf lorsqu'en fait de malaise, d'irritation ou d'inimité, l'oeuvre en question vous frappe avant tout d'indifférence. Lorsque vous avez l'impression d'avoir lu du vide. Et c'est ainsi que je peine sincèrement à parler de Barbe bleue, dernier opus d'une Amélie Nothomb que je n'arrive plus à me représenter comme auteur sincère. J'ai l'impression qu'il n'y aurait au fond rien à en dire, puisque j'ai l'impression que je n'en ai au fond rien retiré.

J'ai pu aimer plus d'un ouvrage de l'auteur, pour son sens de l'humour, l'intelligence qui pouvait en transparaitre (avec ou sans condescendance, ce qui relève d'un autre débat) ou même juste pour l'idée de base tenant tout le livre - après tout, lorsqu'un livre ne vous vole que vingt minutes de lecture, vous acceptez plus facilement le fait qu'il ne repose que sur une idée censée vous amuser et non sur quoi que ce soit d'émotionnel ou même de véritablement réflexif. Un accord tacite qui me fait apprécier la lecture de Péplum, de Cosmétique de l'ennemi, ou dans un autre genre, de La Secte des Egoïstes de Schmitt.

Mais l'idée en question dans Barbe bleue est contenue toute entière dans le titre, le "roman" ne consistant même pas tant en une relecture de l'histoire que d'un vernissage, l'apposition d'une couche purement esthético-stylistique sans fond narratif. Or comme souvent, le dernier Nothomb ne propose rien d'autre : pas de lien affectif (outre que les personnages sont unidimensionnels, 50 pages word ne laissent pas exactement le temps de s'attacher) pas de vraie réflexion (des dialogues faussement profonds sur l'existence de Dieu qui ne feront bouger personne de ses positions initiales - ni personnages, ni lecteurs) pas de plaisir de lecture (aucune narration, une exposition plus rapide que chez Musso où toutes les clefs de l'histoire sont contenues dans les 2,5 pages qui constituent le premier chapitre - adieu la narration organique - et un style plus que pauvre évoquant la rédaction propre mais sans intérêt d'un élève de 3ème.)

De sorte qu'aucune phrase n'a éveillée en moi l'amoureuse du verbe, aucune ligne de dialogue n'a fait sourire la férue de débats et de soirées philo à refaire le monde, aucun développement de l'intrigue n'a surpris la lectrice. Pas un gramme de poésie, de lyrisme... Pour le dire clairement, je n'ai absolument pas compris en quoi ce que j'étais en train de lire était supposé m'intéresser, me toucher ou simplement me faire tourner la page suivante, et seul leur nombre réellement mince m'a permis d'arriver au bout une petite demie heure plus tard, plutôt consternée. Ce qui soulève une autre problématique mais qui justifie l'existence de cette critique : les novellas mises en page pour ressembler à des romans et vendues 18 euros, je commence à trouver ça scandaleux. De même que l'impression tenace qu'un parfait inconnu envoyant le même roman à Albin Michel (ou à tout autre éditeur sachant lire) aurait été retourné à l'envoyeur, un petit "vous plaisantez j'espère ?" apposé en rouge sur la première page du manuscrit.

Il y a maintenant quelques années que je n'avais pas ouvert un Nothomb, bloquée par le préjugé accompagnant son annuelle sortie, cette idée que les "romans" de la dame n'étaient que des coups marketing, des pontes obligées, un marronnier parmi d'autres au sein de ce concept (peu malin à mon sens) de rentrée littéraire, et non le résultat d'une vraie envie d'écrire, de raconter quelque chose. Préjugé vérifié.
C'est tout de même un cruel paradoxe pour les libraires et les lecteurs, que les auteurs les plus "productifs" soient finalement ceux qui aient le moins à dire.


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