Découvert via le sympathique Adopte un Auteur, Entrechats est, si je ne m’abuse, un premier roman.

... et c'est l'impression constante que j'aurais eu, m'abuser, tant l’ouvrage sait éviter plus d’un écueil inhérent à la première fois. La maturité du style est sans doute ce qui m’a le plus étonnée, même si cette “sagesse” grammaticale pèse parfois un peu sur le rythme… On reste parfois sur sa faim en matière de liberté, d’affranchissement des contraintes bref, de folies et d’erreurs que l’on attend (espère, pour ma part ; ) d’un roman (ou d’un auteur) si jeune. A noter que la plupart des gens normaux y verront une qualité de plus au livre !

La gestion de l’univers est indéniablement le point fort d’Entrechats, avec un monde simple à saisir mais nuancé, qui révèle ses zones de gris et ses surprises. C’est que la simplicité du concept n’empêche pas la richesse, et loin de seulement présenter 2 visions du monde s’opposant l’une à l’autre, Cécile Duquenne multiplie les factions, les positions politiques et les protagonistes pour une intrigue n’en délaissant aucun. Chacun a ici son rôle dans la machinerie narrative, rien n’étant gratuit dans l’univers d’Entrechats. La construction narrative est d’ailleurs plutôt réussie, alternant les points de vue internes et créant un bon rythme et des respirations entre les actions.

Je regretterai peut-être, pour ma part, des dialogues d’exposition parfois un peu lourds – aucune longueur cependant, et le roman paraissait pourtant peser son poids numérique, et surtout un ressort narratif (les chats omniscients ou presque) qui ôte de leur coté “actif” aux héros, à qui on sert presque les explications sur un plateau au milieu du récit – un peu dommage pour la résolution de l’aspect polar.

Le souci ne se pose en revanche pas pour les autres protagonistes, et la seconde moitié du livre est particulièrement enlevée et prenante. A vrai dire si j’ai mis un peu de temps à rentrer dans le livre, j’ai avalé les “48 derniers %” en une soirée. Mention spéciale au périple Indiana Jonesque de Loonas (mon personnage préféré) et Nerfetari, sans doute la meilleure association du bouquin. Au final les “méchants” m’auront sans doute bien plus plu, mais si leur psychologie au sein du roman reste un peu simple, tous les personnages ont droit à leur background et leurs facettes, et aucun n’est frappé d’irréalité. Les Sphinx sont également très réussis. Et surtout, le déroulement de l’histoire ne laisse pas forcément entrevoir la fin de toute les intrigues (je dois confesser un sacré sursaut ou deux dans les derniers chapitres)

Au final, un premier (?)… qu'il soit premier ou pas au fond, un roman très honnête, maîtrisé et démontrant non seulement d’un talent confirmé par la suite, mais surtout d’un amour de l’auteur pour ce qu’elle fait. On sent un vrai travail de recherche et de réflexion derrière les lignes, et si l’univers semble en avoir profité quelque peu au détriment des personnages, reste que tout amateur de l’Egypte ou des récits d’aventure sera comblé par ce joli premier essai transformé. De fait, pour une tournure un peu trop attendue, on trouve deux figures de style qui font mouche, et les morceaux de bravoure pure ne manque pas (l’autopsie du Sphinx est à ce titre, proprement géniale).

Un grand merci à l’auteur pour cette découverte inattendue, qui remplit parfaitement l’une des grandes missions de la première lecture : donner envie de parcourir le reste de la bibliographie.