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 Orange is the New Black
Auteur : Piper Kerman
Année : 2010
Langue d'origine : Anglais


6/10 (1 critique)


Histoire :
Le récit autobiographique de Piper Kerman, jeune new-yorkaise et parfaite incarnation de la réussite sociale, soudainement condamnée à 15 mois de prison pour avoir frayé avec un cartel de drogue dix ans plus tôt.
 
Critique par Julie postée le 18-02-2014 à 09:32
Note : 6/10
Il n'est jamais facile de juger un récit autobiographique, de jauger le texte en faisant abstraction de la réalité de l'auteur, mais s'il est une chose qu'Orange is the New Black illustre, littérairement parlant, c'est que l'expérience ne fait pas automatiquement l'écrivain, tant le livre manque de structure, de ligne directive, d'une narration solide qui aurait permis une montée en puissance, ou tout au moins un sentiment de conclusion.

Car seul le temps qui passe (et son rendu est assez erratique) rythme les quelques 350 pages d'Orange, sans qu'aucun vrai bloc thématique ou narratif n'émerge, le récit compilant les anecdotes et les portraits sans vrai travail de construction, pas même sur l'évolution et le travail sur elle-même de Piper Kerman. Ces anecdotes et portraits sont donc la grande force du livre, et par chance, Kerman a là un joli coup de "pinceau", dépeignant avec justesse et surtout avec une affection sincère ses co-détenues. Mais ce que le récit gagne en chaleur humaine est perdu en intensité dramatique... surtout en comparaison avec la série adaptée 3 ans plus tard.

Lire Orange is the New Black après avoir vu la série lui fait forcément du tort, tant le show est porté avant tout par son écriture magistrale. Les limites de la non-fiction apparaissent très vite ici : tout d'abord, nous sommes privés du point de vue des autres personnages, tous n'étant perçus que par Piper. Ensuite les enjeux dramatiques sont presque inexistants, Kerman écrivant de chez elle, bien après la fin de sa sentence, et ce que la prison lui a coûté (ou non) est connu d'entrée de jeu (et si certains passages sont terrifiants en soi, ils n'ont pas vraiment d'impact émotionnel, sachant le "personnage" toujours hors de danger). Enfin parce que loin du personnage malhabile, imparfait et finalement, très réaliste de la série, Piper Kerman ne semble pas vraiment changer ou se remettre en question, confrontée à elle-même dans la prison. C'est le cas, et si sa culpabilité apparaît par petites touches (notamment lorsqu'elle réalise de quelle façon la drogue qu'elle trafique démolit la vie de ceux qui la consomment), on sent que ce travail était abouti avant de prendre la plume, et il passe de fait moins bien dans les pages. De plus Kerman fait si attention à se dépeindre comme humble et égalitariste que paradoxalement elle semble plus d'une fois condescendante envers le communautarisme de ses codétenues, occultant parfois le fait qu'on ne peut pas aborder de la même façon une sentence de 15 mois et de 15 ans. Reste que ses efforts, même un peu trop conscients, pour être une "bonne personne" permettent tout de même une empathie sans faille pour l'auteur.

Alors certes, s'agissant d'une autobiographie, on peut se réjouir que toute la famille et belle-famille de Piper la supporte unanimement, que ses codétenues l'adoptent comme une amie, une sœur, et que les choses se passent aussi bien que possible, mais le besoin d'un tel texte s'en trouve très amoindri. Reste de jolis portraits de femme, et un document qui n'est jamais aussi intéressant que lorsqu'il parle de la prison elle-même, démontrant son absurdité comme concept, les injustices criantes et révoltantes de son système...

Mais l'expérience de Piper Kerman, jeune femme de bonne famille, blanche, aisée, et condamnée sur une sentence courte ne saurait être universalisable, et ce qu'elle rapporte de l'expérience des autres femmes n'aura jamais autant d'impact que si ces autres femmes avaient pu elles aussi être leur propre narrateur. Il est vraiment dommage, finalement, que ce soit encore une fois les mêmes qui aient droit à la parole... Il aurait été beaucoup plus intéressant de lire ce Orange par les yeux d'une femme déjà discriminée hors les murs de la prison. De sorte qu'entre les autres personnages et points de vue offerts par la série, une fois n'est pas coutume : beaucoup, beaucoup plus de choses, émotions mais aussi messages, passent par le biais de la fiction.


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