Piège de ces livres dont il se vend presque autant d'exemplaires que l'héroine a gagné d'euros au loto, ils finissent toujours par atterrir, tôt ou tard, dans votre pile à lire.
Et on y cherche en vain ce que tant d'autres lecteurs semblent y avoir trouvé : de l'émotion, une réflexion, ou une "réflection", quelque chose où l'on se reconnaisse, et qui puisse nous toucher.

Je pense sincèrement que La liste de mes envies ne faillit pas à la première partie, et que bon nombre de lecteurs (ou lectrices) se sont retrouvées dans le personnage de Jocelyne, de sa vie simple, de sa capacité à apprécier les petits bonheurs pour mieux détourner le regard des grandes déceptions. Pour le reste, le degré zéro du romanesque du roman m'inquiète un peu quant à mes contemporains : ne rêvent-ils jamais à mieux, tout au moins à autre ?

Or tout reste résolument plat, de l'intrigue au style. Pour une jolie tournure, une bonne idée de "mise en scène" (la fin, les interviews de la journaliste) combien de lieux communs, de phrase qu'on a lu dans 18 millions de livres avant cela ? "L'argent ne fait pas l'amour." "J'ai compris que j'étais riche de sa confiance, ce qui était la plus grande des richesses." Ce n'est pas que je ne sois pas d'accord avec le propos du livre, mais qu'on a déjà tant écrit là dessus, avec bien plus de profondeur, d'analyse, que La Liste de mes envies m’apparaît comme un livre souffrant du pire des défauts : inutile. Oubliable.

Partant d'un postulat pourtant plein de potentiel, à défaut d'original, l'auteur ne se donne même pas les moyens de creuser son sujet ou ses personnages, le bouquin étant structuré en 43 chapitres (!) pour une ou deux heures de lecture maximum, suivant les réflexions volontairement simples de cette femme simple pour un résultat malheureusement simpliste. Pourquoi ne pas l'affiner, la faire exister un peu hors de "son Jo", hors de ce qui lui arrive ? On passe trop vite sur les protagonistes intéressants (la fille aînée), on passe trop vite sur à peu près tout, Grégoire Delacourt se payant même le luxe de faire de la redite sur un format si court. Pour au final un portait de femme dont l'immobilisme et la résignation fait qu'on lâche prise.

Autant je comprends que l'on puisse vouloir lire / suivre des personnages qui nous ressemblent, autant cette totale absence de volonté de les voir s'élever me déprime un peu... La liste n'est pas mauvais, mais n'a tout simplement aucun goût. Et pour montrer que j'ai tout bien compris à la démarche de l'auteur, je vous laisse, je vais aller me faire un loto.