Sans être le livre du siècle, "Le problème avec Jane" n'en reste pas moins un livre addictif et bien ficelé. Malgré quelques maladresses et quelques incohérences, Catherine Cusset entraîne le lecteur dans son sillage à travers la quête de Jane. Pour ce faire, on suivra la vie de Jane racontée par ce fameux auteur anonyme, telle qu'il l'a retranscrite et racontée. L'enjeu de ce roman n'est finalement pas le roman en lui-même mais ce qui se trouve autour. Le lecteur oublie que ce qui se déroule sous ses yeux n'est pas la réalité et que la vraie Jane se glisse dans deux-trois pages en italique, entre les chapitres, pour réagir à sa "biographie". Jane se découvre en personnage et, paradoxalement, ne nous en paraît que plus vivante et complexe!
Un joli roman donc, malgré quelques failles évidentes.

Le problème avec Jane, c'est que Jane est l'une des personnes les plus inintéressantes qui soient. Ou plutôt l'un des archétypes littéraires les plus usités du roman contemporain.

Au fond, peu importe qui a écrit le second "Problème avec Jane" (même si cette révélation finale se paie le luxe de rendre les 3/4 du livre obsolètes) la vraie question étant : comment quiconque ayant rencontré cette femme a pu se convaincre qu'elle méritait qu'on lui consacre un livre ? Il faut dire que la malheureuse est desservie par une structure finalement très classique (la mise en abime n'étant pas des plus poussées) un style plat, une existence balisée de bout en bout et une représentation qui manque cruellement de crédibilité, des détails qui rendent un personnage attachant ou simplement juste, authentique.

A ce personnage central fade au possible s'ajoute l'impression que "Le Problème avec Jane" passe à coté de son sujet, exempt de toute réflexion sur la perception de soi par les autres, de la transformation inhérent des faits lorsque posée par écrit, de la part de fiction dans toute biographie, du rôle de l'auteur...

La bonne idée ne départ ne reste qu'un ressort narratif jamais vraiment utilisé, dont l'unique fonction semble être de faire rester le lecteur jusqu'au bout dans l'attente de la résolution de l'énigme. La 4ème de couverture promettait "le roman le plus abouti de Catherine Cusset", je pense donc pour ma part ne pas aller ouvrir les autres. Dommage.