The Summer of the Bear (L'été de l'ours) |

Année : 2011
Langue d'origine : Anglais










8/10 (1 critique)
Histoire :
L'épouse d'un diplomate, récemment décédé dans des conditions suspectes, décide d'emmener ses trois enfants sur une petite île d’Écosse abritant bon nombre de souvenirs. Là, la famille tente de se reconstruire.
Critique par Julie postée le 12-03-2012 à 17:06 Note : 8/10 | |
Drame familial, espionnage, surréalisme... Sur le papier, si je peux permettre l'expression pour un livre, l'Eté de l'Ours a quelque chose d'un pari risqué, d'un roman trop dense, trop riche pour se lire aisément ou se digérer en douceur. Pourtant c'est bien en douceur qu'on l'aborde, et qu'on se laisse porter sans mal tout au long de ses 400 pages fort bien agencées. Peut-être parce que le roman se caractérise plus en terme d'ambiance qu'autre chose, Bella Pollen recréant à merveille le caractère isolé et collectif, à la fois étouffant et ouvert de la vie insulaire, et l'atmosphère toute particulière de l’Écosse. Il faut dire que ses descriptions sont soignées, choisissant le détail qui fait mouche plutôt que de se faire lourdes pas trop de précisions. Formellement, l'auteur ne joue presque jamais avec la grammaire ou la construction des phrases, mais use abondamment d'images et de métaphores, toujours très bien choisies selon le personnage qui les formule, et l'atmosphère de manière générale. De sorte que si le style reste 'sage', limpide, les figures et les images générées rendent la prose de l'auteur riche, colorée. Posée mais poétique, une description qui pourrait d'ailleurs résumer le roman en lui-même, qui de plusieurs strates et thématiques très denses en elles-mêmes (la famille, le deuil, mais aussi la guerre froide, l'imaginaire, l'enfance) parvient à raconter une histoire solide, et à dessiner une progression subtile de ses personnages comme de ses situations. La construction est d'ailleurs le point fort du livre : évitant l'écueil de la linéarité tout en passant organiquement d'un chapitre à l'autre, elle alterne les points de vue mais aussi les 'époques', et permet un développement de chaque protagoniste, malgré quelques chapitres un peu courts. A ce qu'on pourrait appeler l'intrigue principale (l'installation de la famille Fleming sur l'île) viennent se greffer habilement d'autres fils, notamment le semblant d'enquête menée par Letty (la mère de famille) sur les événements ayant menés à la mort de son époux, et... l'Ours. Un 'fil' dont je ne dirais pas plus ici mais qui donne plus que son titre, son caractère poétique au roman, et lui permet de se démarquer. Ni le fond historique (très bien utilisé) ni les sous-intrigues ne viennent alourdir l'ensemble, toujours porté par l'un ou l'autre membre de la petite famille... La seule chose qui m'ait empêchée d’être pleinement enthousiaste tient plus à une question de goût personnel, puisque ce sont justement les personnages les moins exposés qui m'auront le plus plu tandis que je peinais un peu à m'attacher aux figures plus centrales... Ou peut-être parce qu'à trop exposer leurs pensées, l'auteur enlève un peu de leurs auras à certains... Au final, l'Eté de l'Ours apparait comme un roman de facture 'classique', pour ma part, plus intéressant voire enrichissant que réellement touchant, mais habité, personnel. Un récit simple, que je ne suis pas parvenue à lire d'une traite malgré sa fluidité, mais sans que cela soit une mauvaise chose... L'été de l'Ours prend son temps, et compte tenu de ce qu'il traite, c'est là un excellent parti pris. En somme, une lecture posée, qui manque un tout petit peu de romanesque à mon gout, mais qui donne sincèrement envie de fouiller la bibliographie de l'auteur (et de remercier Belfond et Babelio pour cette jolie découverte.) Votre avis rejoint-il cette critique ? |