Horns (Cornes) |

Année : 2010
Langue d'origine : Anglais










7/10 (1 critique)
Histoire :
Au terme d'une nuit de beuverie marquant le triste anniversaire de l'assassinat de sa petite amie, Ig Perrish se réveille doté de cornes. Très vite, il réalise que ces nouveaux appendices ont le pouvoir de faire révéler aux gens leurs pulsions les plus noires...
Critique par Julie postée le 11-04-2012 à 16:06 Note : 7/10 ![]() | |
Au moment habituel consistant à me casser la tête pour savoir comment entamer ma critique, je me suis rappelée que Joe Hill n'avait justement pas l'air d'en être passé par là pour les premières lignes très réussies de Horns... Alors je me jette à l'eau sans préambule, et commence par le commencement, à mon sens le meilleur morceau de ce roman, dont l'incipit court, franc et direct met tout de suite dans le bain. La première partie, "Enfer", est absolument passionnante, en même temps qu'elle met mal à l'aise, car l'on peut se demander quelle est la part de voyeurisme qui nous fait tourner les pages. L'auteur fait ensuite une imposante analepse qui revient sur les dix années passées ensemble d'Ig et Merrin. Et si la tension narrative se relâche forcément, Hill s'y entend à recréer une certaine ambiance, de sorte que c'est sans déplaisir aucun que l'on suit le parcours des deux jeunes gens. La connaissance préalable de la fin de leur histoire n'est imposée qu'au lecteur, et leur temps à deux est donc narré avec naturel. Mais ce récit est entrecoupé de la progression de l'enquête d'Ig, et les deux sont entrecroisés de sorte que chaque chapitre s'enrichisse de la lecture du précédent, que notre propre perception de ce que vivent Ig, Merrin et les personnages gravitant autour soit entachée de ce que nous savons de leur avenir... Ainsi sans rendre le style en lui-même pesant ou sombre, Horns s'avère une lecture teintée de bout en bout de tristesse, et de mélancolie. Cette maitrise de la structure révèle d'une grande intelligence narrative, et d'une vraie connivence avec le lecteur, d'une envie de le contenter. Mais paradoxalement, c'est là ce qui m'aura pour ma part déçue. Tout est tellement calibré, "professionnel", qu'on peine à être surpris. Quand dans les quinze premières pages, l'auteur mentionne l'air de rien que le responsable d'une mauvaise blague n'a jamais été identifié, on sait très bien que cela ressortira plus tard, et de la même façon, la préparation du twist majeur est très organiquement faite mais n'empêche pas d'éventer le fin mot de l'histoire bien avant le héros... Mais avec un peu de recul, Horns est dans l'ensemble un livre très sympathique, à la lecture prenante et qui donne envie de découvrir le reste de l'oeuvre de Joe Hill tout en évitant l'écueil de le comparer à son illustre géniteur (Stephen King) quand bien même la pomme ne semble pas tombée très loin de l'arbre. Et surtout, en dépit de sa construction trop aisément identifiable, Horns réserve une très jolie surprise finale, car résolvant la question qui m'intéressait le plus, et sortant de cette narration ultra maitrisée pour rejoindre et rassembler entre eux les quelques éléments poétiques et véritablement fantastique du roman... En dépit de son sujet, Horns m'apparait ironiquement comme un roman un peu propre sur lui, à l'histoire folle mais à la forme trop aboutie, comme la copie de (très) bon élève appliqué auquel manque encore le supplément d'âme que confère le fait de se perdre un peu dans son roman. Votre avis rejoint-il cette critique ? |