Je regrette déjà une chose. Ce film est sorti le 16 février sur les écrans français. Si le marketing possédait un tant soit peu de culot, il aurait été lancé une semaine plus tôt et j'aurais aimé me poster un certain 14 février derrière les portes d'un cinéma, juste pour observer les couples venus voir ce long-métrage - sans lire le résumé - en pensant avoir trouvé le film adéquat pour la Saint-Valentin. Dommage.

Revenons à nos moutons. Last Night est un petit drama sentimental, à la fois romantique et désabusé, auquel je me suis intéressée car j'avais bien aimé The Jacket de la même réalisatrice. Le casting a été conçu pour tous les goûts : chacun peut y trouver l'acteur/l'actrice sur lequel il/elle a envie de fantasmer. Quant à l'histoire, rien de bien original : les spectateurs suivent un couple en doute, guetté durant vingt-quatre heures par la tentation.
Ce film m'a plu par la mise en scène et le déroulement de l'intrigue, plus semblable à un thriller qu'à une comédie sentimentale. Deux questions nous obsèdent tout du long : vont-ils céder à la tentation et qui le fera en premier ?

La réalisatrice Massy Tadjedin alterne les dialogues en miroir, empiète les scènes entre elles, dévoile au compte-goutte les sentiments de chacun, mais sans jamais tomber dans la confusion ou le jugement. On s'accroche à chaque mot, chaque regard glissé, et on se dit "c'est le moment !". Ou pas. Massy Tadjedin fait durer le suspense autant qu'elle le peut et elle y arrive plutôt bien.

Les deux rôles féminins jouent une grande part dans ce marivaudage bien orchestré et sont assez réussis.
Joana (Keira Knightley) est une pigiste/auteur en manque d'inspiration. Fragile et forte à la fois, elle alterne entre son ancienne elle, une femme-enfant amoureuse et passionnée, et son elle actuelle, une femme mariée amoureuse de son mari, mais en proie aux doutes.
Laura (Eva Mendes) est une femme d'affaires qui, malgré elle, tombe amoureuse de son collègue. Elle décide de ne pas cacher ses sentiments et d'en affronter les conséquences. Mieux, elle se met à nue et va jusqu'à montrer ses blessures, sa vulnérabilité, tout en adoptant une séduction agressive.

A l'inverse, les rôles masculins, Michael (Sam Worthington) et Alex (Guillaume Canet) frisent le simple faire-valoir. Les personnages ne sont pas très étoffés et les jeux des acteurs s'en ressentent. Le visage neutre de Sam Worthington donne envie de le secouer par les épaules et le rictus idiot de Guillaume Canet me démangeait de lui en coller une. Outre une histoire pas très originale, sauf que bien construite, les rôles masculins sont le point noir de cette production.

Last Night reste donc un film assez moyen, mais prenant quand on rentre dans le jeu du "qui va fauter en premier ?" Les deux actrices demeurent l'atout principal. La dernière scène, qui peut être considérée comme une pirouette par certains, est assez fine dans le sens où elle va avoir un impact énorme sur quel type de couple les protagonistes vont devenir.

A cause de ou grâce à cette conclusion en point d'interrogation, Last Night devient à la fois un film sur l'amour mis à l'épreuve, le mensonge et l'adultère, la fin ou les retrouvailles d'un couple.