Ce qui marque dès les premières secondes de ce film, c'est son atmosphère. L'ambiance y est lourde, quasi insoutenable et il y a de ce fait une intensité émotionnelle qui prend aux tripes. On sort de ce film ébranlé, secoué...

Cette intensité est possible grâce à l'histoire que l'on serait tenté sur bien des points de relier à l'Histoire mais aussi par l'impressionnante profondeur des personnages. Il n'y a pas de caricatures, pas de personnages tout blanc ou tout noir mais quantités de faits positifs et négatifs qui oscillent les uns avec les autres. Si les adultes sont traités remarquablement, les enfants le sont aussi : les petites filles du couple ne sont pas juste des figurantes et s'inscrivent elles aussi dans l'histoire familiale.

Que dire de plus ? La musique est soignée d'une main de maître, les images sont belles et les prestations des acteurs sont juste à couper le souffle. Tobey Maguire impressionne dans sa capacité à transmettre le mal aise, Jake Gyllenhaal est touchant et un regard de Nathalie Portman suffit parfois à rendre compte de l'intensité dramatique qui se joue.

Au final, ce film fait réfléchir sur la notion de transmission (paternelle notamment, mais ceci n'est pas vraiment original) et surtout sur la notion de héros. A voir, vraiment.

J'avais raté Brothers au cinéma l'année dernière mais sa sélection dans les coups de coeur 2010 de l'Etagère m'a permis de rectifier le tir. Déjà lors de sa diffusion, l'affiche epurée du film, qui mettait simplemement l'accent sur la présence de Natalie Portman, Jake Gyllenhaal et Tobey Maguire, me faisait particulièrement envie.

Après visionnage, l'image que j'ai du film est effectivement celle d'un long-métrage sans fioritures, se concentrant sur les émotions à l'état brut des protagonistes. Sans tricherie, les personnages évoluent, réagissent ou subissent les aléas heureux ou malheureux que la vie leur a réservés. Sam est porté disparu en Afghanistan, et sa femme, son frère, ses enfants, ses parents, font ce qu'ils peuvent pour tenir le coup et remonter la pente. Tommy, le frère bad-boy, s'adoucit au fil des mois et trouve progressivement une nouvelle place dans la famille de Grace et de ses deux petites filles.

La performance des acteurs est exemplaire. Natalie Portman et Jake Gyllenhaal convainquent par leur naturel et la légèreté qu'ils donnent à ce drame pourtant éprouvant, et les deux enfants font partie intégrante du cast malgré leur jeune âge. Tobey Maguire, quant à lui, endosse le rôle le plus difficile... la gravité du personnage est parfois un petit peu plus dure à aborder mais l'acteur réussit le défi de nous faire ressentir sa souffrance et son malaise.

Un très beau film donc, plein de sentiments et non-dits. Cependant, il manque quelque chose pour que Brothers soit un coup de coeur absolu et rejoigne la liste de mes films préférés. A force de garder un point de vue extérieur et de laisser les personnages évoluer sans appuyer le côté dramatique, le réalisateur donne l'impression d'ouvrir une grande parenthèse et d'enlever au film un relief qui aurait pu le rendre encore plus marquant. Les messages passent dans le silence, sans que les personnages ne se confrontent réellement et sans que la tension n'éclate. Pourtant il y avait probablement de quoi creuser plus loin : par exemple dans la relation tumultueuse entre Tommy et son père, dans l'attirance interdite entre Tommy et Grace, ou dans les sentiments partagés de Grace envers Sam à la fin du film, quand l'amour qu'elle lui porte n'est plus tout à fait le même. Mais la parenthèse se ferme et les questions restent ouvertes. Alors il faut accepter que le film ne nous donnera pas toutes les réponses et que, d'une certaine façon, ce sont aussi cette pudeur et cette sensibilité qui font de Brothers un très beau morceau de pellicule.

Le pitch, placé dans un contexte américain de guerre en Afghanistan, laisse penser qu'il s'agit là d'un film patriote dans lequel les gentils américains se sacrifient en faisant leur devoir pour se battre contre les méchants en Afghanistan. Mais il suffit de savoir que le réal n'est autre que Jim Sheridan et qu'il s'agit, en outre, du remake d'un film danois pour comprendre que le sujet principal de Brothers n'est pas la guerre, mais la famille.

L'histoire de ces deux frères qui sont aux antipodes et qui pourtant se comprennent (se comprenaient) à mot dit. L'histoire de ce couple brisé par ce temps vécu séparément, lui dans un monde indescriptible de violence, de lenteur et de sécheresse, elle dans un hiver cotonneux et familial. L'histoire de ce père broyé une première fois par la guerre, une seconde par la guerre de son fils, et écartelé entre les caractères et réalisations si opposés de ses deux fils. L'histoire, enfin, de ces enfants qui grandissent un peu trop vite, qui ne connaissent plus leur pères et aspirent à retrouver l'innocence de l'année dernière.

Les acteurs sont très justes dans leur interprétation, émouvants. Nathalie Portman, qui a parfois tendance à m'agacer n'en fait pas trop et m'a beaucoup plu dans ce rôle. Mention spéciale pour la gamine jouée par Bailee Madison qui est au bord des larmes pendant un bon tiers du film et joue avec une justesse toute en retenue. Il n'y a pas à dire, quand on a un réal spécialiste de la direction d'acteurs qui arrive à ce point à faire paraitre la vérité dans le jeu de ses acteurs, on passe un excellent moment.