Ca avait pourtant bien commencé, la première partie sortie en novembre 2010, très réussie, avait trouvé le bon équilibre entre le climat oppressant de l’exil et les scènes d’apaisement entre les trois amis de longue date. Elle laissait respirer les personnages, prenait le temps de vivre à leurs côtés au milieu de paysages grandioses, de suivre leurs peurs, leurs doutes ou au contraire leurs moments de détente. Une scène, dans la tente installée par Hermione, montrait Harry et la jeune fille danser de façon improvisée. On sentait l’amitié qui les liait, leur complicité faisait sourire. C’était un petit moment hors du temps qui relâchait la tension du film.

Dans la deuxième partie, rien de tout cela. L’intrigue redémarre au quart de tour, on est projeté dans l’action sans introduction ni rappel des éléments précédents. De quoi être un petit peu déstabilisé pendant un moment quand l’on ne connaît pas tous les films et les livres par cœur. Ron et Hermione, si présents dans la partie 1, retournent soudain en second plan dans la partie 2, laissant Harry Potter plus que jamais au devant de la scène. On regrette de ne pas s’attarder un peu plus sur les autres personnages (Neville, McGonagall, Luna Lovegood, qui ont droit tout de même à quelques très bonnes répliques) et de ne pas plus voir ce qu’est devenu le monde en l’absence des trois « héros ». L’univers magique de J.K. Rowling, tissé de détails féériques et d’anecdotes sur les personnagees, est toujours ce qui a fait le charme de cette saga.

Dans ce dernier volet, le réalisateur donne plutôt l’impression d’avoir condensé tous les éléments restants en survolant les scènes et les répliques pour être sur d’avoir tout bien intégré. Résultat : l’action est au rendez-vous, de nombreuses scènes sont belles et certains effets spéciaux très réussis, mais en allant trop vite, le spectateur n’est plus touché par des moments qui méritaient pourtant d’être plus développés. La mort de certains personnages notamment – qui faisait sortir les mouchoirs dans le livre – passe quasi inaperçue dans le film. Il y avait le potentiel pour tellement d’émotions dans ce dernier opus que l’on ne peut être que déçu de ne pas verser une larme de tristesse ou de joie à l’issue de ces destins.

Certes, le rythme rapide est certainement du aux contraintes de l’adaptation, mais on pouvait vraisemblablement en espérer mieux. Enfin, pour nous consoler et pour finir en beauté, David Yates réussit l’exploit de rendre l’épilogue inutile du livre encore plus ridicule à l’écran… il faut le voir pour le croire. Mais peut-être faut-il y deviner une bonne nouvelle : dans 19 ans, tout semble suggérer que nous aurons enfin trouvé la formule de l’élixir de jouvence !

Dans l'absolu, cette dernière adaptation d'Harry Potter n'est pas un mauvais opus et se tient même plutôt bien au regard d'autres volets de la saga. Ce qui est dommage, c'est que la comparaison dont elle souffre le plus soit finalement celle qui se fera tout naturellement avec son autre moitié.

La première partie des Reliques de la Mort tranchait avec ses prédécesseurs en osant être un film d'ambiance. De fait, elle respectait le roman original mais donnait également de l'épaisseur à l'ensemble de la saga, se permettant un état des lieux d'un monde qui sombre tome après tome dans la noirceur. De la scène d'ouverture glaçante à l'errance dans les bois en passant par la visite au ministère, le film prenait son temps sans que l'histoire ne soit pour autant lente.

C'est là que pêche la seconde moitié : en se présentant uniquement comme telle, elle faillit à créer sa propre atmosphère, voire son propre style. Comme s'il était finalement trop tard pour essayer de bâtir un nouveau film, une nouvelle pierre à l'édifice, et l'on a plus l'impression de voir une check list de ce qu'il restait à dire qu'un récit construit. Si individuellement les scènes peuvent être très réussies (la sortie de la banque est un pur moment de bravoure) il manque de liant entre elles. On perd le compte des horcruxes, on perd le conte aussi, le long d'un montage laborieux qui ne fait apparaitre aucune logique narrative.

Et c'est d'autant plus dommage qu'on a sans doute là les meilleures performances du casting( Matthew Lewis formidable en Neville, Maggie Smith tout à fait dans l'ambiance). Le découpage ne permet en revanche pas de susciter de l'empathie pour les nombreux personnages qui disparaitront. S'il peut sembler normal et même malin de ne pas s'attarder sur les scènes de mort (on ressent ainsi la banalité de la chose dans le contexte de guerre) n'en traiter véritablement aucune du point de vue de ceux qui restent ôte tout son impact émotionnel au film.

Au final, et comme, sans doute, pour tous les films précédents, Les Reliques de la mort, 2 plaira sans doute plus à qui n'a pas lu le livre. Car s'il apparait comme capable de satisfaire les lecteurs en n'oubliant rien, il trouve en fait là sa première limite. Tout y est ou presque, répliques clefs, décès, batailles, et tout y est dans l'ordre dans l'ordre, de l'enterrement de Doby à l'épilogue (effroyablement inutile, ne permettant même pas un petit aperçu de ce qu'est devenu le monde magique après une si terrible guerre qui a vu s'effondrer son gouvernement). Et de fait, pas de surprise, pas d'accélération cardiaque, on sait très bien comment tout cela va finir, bobines après bobines, ce n'est pas tant une adaptation qu'une simple retranscription qui se déroule, et qui aurait gagné à être un peu moins sage, un peu plus permissive quand c'est sur ce film qu'une longue saga cinématographique tire sa révérence. C'est là ce que Yates semble avoir oublié : à trop vouloir plaire à tout le monde, qu'il s'agissait bien de faire dans le cinématographique. Plastiquement, son travail est superbe. Narrativement, ce n'est malheureusement bien qu'un demi-film.