Une note neutre pour un film qui malgré son sujet et de part son traitement, laisse le spectateur dans un état semblable.

Symptômatique des problèmes du cinéma français d'aujourd'hui, "Ceux qui restent" est tout en effet de style et peu dans l'histoire. Il souffre surtout d'une contradiction qui lui est propre puisqu'ici le dit effet de style consiste à n'en avoir aucun, ce qui a au moins le mérite d'ôter toute impression d'étalage égocentrique (comme peuvent nous faire subir les derniers films de Jacques Audiard) mais donne celle que jamais aucun risque n'a été pris.

Vouloir traiter le sujet avec pudeur, c'est bien, mais ne rien partager avec le spectateur, c'est trop. Ainsi la caméra qui s'arrête sans cesse sur les portes de chambre et les conjoints mourrants qu'on ne voit jamais s'avère au final être une fausse bonne idée. Ils ne restent jamais dans nos têtes que "cancer du sein" et "cancer du colon", et plombent toute possibilité d'empathie à l'encontre de ceux qui restent. On peut remercier Anne Le Ny d'être restée loin du pathos et de la mièvrerie dans laquelle il aurait été facile de tomber, mais on aurait aimé, tout de même, être parfois un peu ému.

Or en fin de compte on a la sensation de voir un film froid, presque clinique, bien loin de la promesse qu'il faisait de célébrer finalement le fait d'être en vie ou tout au moins l'importance de savoir l'apprécier. La sobriété de la mise en scène, loin de produire l'effet intimiste d'un film d'Agnès Jaoui, finit par devenir pesante. Reste deux prestations impeccables et une indéniable volonté de bien faire...
Dommage que ça ne suffise pas à faire un bon film.