Dernier patchwork en date de Cédric Klapisch, Paris fait parti de ces films qu’il vaut mieux oublier vite si l’on veut, le plus paradoxalement du monde, en garder un bon souvenir. Si les deux heures passées devant l'écran sont loin d’être déplaisantes, avec le recul on peut le trouver d'une facilité décevante (surtout de la part d'un réalisateur confirmé). On ne peut s’empêcher de penser qu’il faille être "parisien", d’une façon ou d’une autre, pour pouvoir réellement s'immerger et apprécier à sa juste valeur l'ambiance, qui est, comme souvent chez Klapisch, le point fort du film. L'histoire en soi n'est pas exempte de promesses mais peut-être pas si bien gérée qu'il n'y parait au premier abord. Si la non-résolution de l'arc principal n’est pas dérangeante, reste que trop de personnages et d’histoires délayent les multiples intrigues qui finissent par perdre de leur épaisseur et rapprocher leurs héros respectifs de la caricature... (Bourdieu a été lu, relu et assimilé.) Côté casting, passé un alléchant générique il faut bien reconnaître que ne voir les excellents François Cluzet, Karine Viard ou Maurice Bénichou que quelques minutes a quelque chose de frustrant. Quant aux autres... Luchini fait du Luchini (si on aime, ça passe très bien), Mélanie Laurent fait tout de même plus décoration qu'autre chose, et Klapish fait du Lelouch (dommage, ce n'est pas un compliment.) Reste Romain Duris, dont le jeu ne change pas vraiment mais qui, débarrassé de l'arrogance de ses derniers rôles, porterait plutôt bien le film si Juliette Binoche, lumineuse de talent (campant pourtant un personnage quelque peu dans l'obscurité) ne lui volait pas la vedette. Le film reste agréable à suivre, on rit beaucoup, mais en fin de compte peut-être se retrouve-t-on surpris de ne pas avoir pleuré... Au final, le vrai reproche que l’on fera à "Paris" n'est pas tant sa réalisation un peu plate ou son scénario facile mais sa vacuité, vacuité propre au style de Klapisch et qui, au bout de 4-5 films, commence à lasser. Si l'envie vous prend de redécouvrir Paris par de multiples regards, préférez revoir le génial "On connaît la chanson." On ne peut néanmoins nier une certaine atmosphère, beaucoup de sincérité qui aide à se prendre au jeu et surtout, une certaine tendresse à l'encontre de tout ce petit monde, qui sans sauver le scénario nous contamine juste le temps du visionnage.

Paris est donc un film choral... au choeur malade. Que ne sauve pas forcément l'affection évidente que porte Klapisch à ses personnages, Paris en tête.