Le passage d'un format 20 min à 90 n'est pas un exercice qui réussit à toutes les histoires ni à tous les scénaristes, force est de constater que Matt Groening y excelle, comme le prouve ce premier film faisant suite à la série Futurama.

Bender's Big Score, malgré un titre un poil réducteur, s'avère un effet un chef d'œuvre narratif d'une complexité rare mais maitrisée de bout en bout, manipulant à l'extrême le concept de paradoxe temporel jusqu'à un dénouement hallucinant. C'est là sa plus grande force : ne pas constituer en un épisode plus long que les autres mais offrir une véritable intrigue aux enjeux conséquents et laissant au final ses personnages différents de ce qu'ils étaient au début.

Il est certes impossible de le regarder sans avoir vu la série, mais ce parti pris ne dessert jamais le film qui s'en retrouve empli de références, clins d'œil, et revient même sur des éléments restés inexpliqués parfois entraperçus dès le pilote. La continuité y est très bien traitée, que ce soit au niveau des personnages des événements ou du ton, très fidèle à la série. L'indépendance prise vis à vis de la chaine qui l'avait annulée permet d'ailleurs une forme de règlement de compte beaucoup plus drôle que mesquine

La forme est de plus à la hauteur du fond et on sent tout au long une vraie réflexion esthétique, entre l'utilisation de la 3D faite pour être la moins visible possible, des plans audacieux et des travelings impressionnants. A regretter au final, que Bender's Big Score n'ait pas eu, comme l'adaptation film des Simpsons, les honneurs de l'écran de cinéma.