Hommage. State of Play vénère les vieux briscards du journalisme qui prennent leur temps. Ceux qui nuancent le gris du noir, mais aussi du blanc. Ceux qui ont le goût de la vérité, même si l’évidence n’est pas flagrante et que le constat fait mal.
En guise d’adversaires, le film leur oppose le monde politique : le Congrès américain, les entreprises s’épanouissant en sécurisant et en guerroyant. Mais aussi les journalistes qui ne font clairement pas leur boulot. Car le manichéisme est bien loin et le film s’articule à merveille entre affaire d’Etat et simple liaison extraconjugale.
Prenante et bien huilée, l’histoire est à l’image des rotatives que le réalisateur du Dernier roi d’Ecosse prend le temps filmer : un ensemble de petites pièces œuvrant avec minutie et précision au résultat final. Et quel résultat ! Implacable sans être invraisemblable, la vérité s’impose d’elle-même à force de recherches d’un Russell Crowe tout à fait convainquant. A ses côtés, le casting de luxe soutient le film à merveille.
En s’attardant sur un grain de sable dans le mécanisme : le suicide d’une femme sur un quai de métro remettant en cause tout le programme de défense d’un Etat, Kevin Mcdonald réussit un film happant qui laisse craindre chaque seconde sur l’avenir de ses protagonistes. Adapté d’une série anglaise, ce thriller tient autant du drame que du documentaire. Il affiche son propos avec force, sans jamais céder aux sirènes de la caricature. Et réussit à faire du divertissement intelligent.