Classique incontournable de la comédie française, Le père noël est une ordure est un de ces films confirmant de bout en bout que c'est finalement du tragique que nait le rire, pour un bonheur constant des zygomatiques.

Portée par la troupe du Splendid à la complicité palpable et au verbe aiguisé, cette adaptation de la pièce de théâtre demeure certes, un rien en dessous de la causticité de la version originale, mais pour un résultat parfaitement adapté au format cinéma, enrichie de décors et de personnages venant se greffer avec naturel sur l’intrigue de départ. En résulte une comédie au rythme impeccable, sans temps morts, enchaînant scènes et répliques qui plus de 20 ans après, n’ont toujours pas volé le statut « culte » qui est depuis lors le leur.

Par le prisme du bureau d’SOS Détresse-Amitié, la peinture de la classe moyenne française bien pensante des années 80 (qui n’a pas tant changée) peut sembler moqueuse et méchante, elle est finalement faite sans jugement aucun : il est des milieux et des situations qu’il suffit d’observer pour donner dans la comédie, burlesque ou absurde. La caricature faite dans l’écriture, tempérée par l’interprétation sans failles de la troupe, compose des personnages terriblement drôles, terriblement idiots, mesquins, hypocrites, coincés, fous et pourtant tous d’une humanité indéniable.

Parce que le personnage qui se prêtait le plus facilement au grotesque est le plus touchant, parce que la misère y est aussi drôle que féroce, parce que l’humour y est parfois d’un noir total sans jamais être pesant ou facile, difficile de se lasser du père noël est une ordure qui mêle si bien satire sociale et pur comique de situation. Pour un noël au vitriol qui ne donne pourtant aucune aigreur d’estomac.