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 Lucky Luke
Réalisateur : James Huth
Année : 2009
Acteurs : Jean Dujardin, Daniel Prevost, Sylvie Testud
Pays : France


3/10 (1 critique)


Synopsis :
Afin d'y permettre la jonction de la nouvelle voie-ferrée traversant les Etats Unis, Lucky Luke est chargé de nettoyer Daisy Town, sa ville natale, aujourd'hui infestée par la terrible bande de Pat Poker...
 
Critique par Julie postée le 23-03-2010 à 00:48
Note : 3/10
La liste des potentielles erreurs originelles qui vous plombent une adaptation est riche et variée (mauvais casting du héros, scénario trop proche, scénario trop éloigné, passage raté d’un format écrit / BD à écran…) donnant souvent lieu à des films faisant plus ou moins hurler les puristes en dépit des savoirs-faires de chacun. Et en ce sens, Lucky Luke restera un monument par sa brillante capacité à les cumuler toutes.

Il y a déjà un aspect parfaitement opportuniste et commercial dans le choix de casting (impensable que quiconque se soit un jour objectivement dit en voyant Dujardin qu’il ferait un parfait Lucky Luke) au mépris d’une réflexion sur le personnage. Opportunisme qui ne cherche d’ailleurs pas à être dissimulé (qui dit Dujardin dit Lamy et remake de Chouchou et Loulou dans le second segment du film… si si.) Le problème est doublé par James Huth, grand copain de Dujardin qui a donc écrit le personnage pour lui au lieu de… d’écrire Lucky Luke donc, nous servant donc un lonesome cow-boy mêlant un machisme de merde à la OSS 117 avec des éclairs de balourdises voire de bêtise à la Brice de Nice. Luke s'associe sans problème avec un vrai tueur, traite Calimity Jane comme un mec (n’hésitant pas une seconde à lui casser la gueule, comme à frapper l’autre présence féminine du film par ailleurs) et confond sa nana avec son cheval On est loin du Luke gentlemen et fin analyste de la BD. D’autant plus que la différence s’étend, au-delà du caractère, au traitement du personnage au sein-même de la structure narrative.

Huth décide en effet de prendre le pendant inverse de la méthode narrative habituelle de Goscinny : dans la BD, Lucky Luke est presque plus prétexte aux histoires que héros, ici, il est central au point d’avoir hérité d’une enfance (forcément traumatisante…) d’une vengeance à assouvir et comble de la transformation ratée, d'un prénom, le plus banal qu’on puisse ne pas imaginer. Quand on s’éloigne à ce point du matériau de départ, pourquoi diable prétendre à une adaptation au lieu de créer un scénario original ? Le plus ironique étant que le scénario n’a justement rien d’original, accumulant les clichés et les non-surprises sans véritable liant, sentant presque dans son segment central l’improvisation destinée à caser un ou deux gags particulièrement minables. Le must : cette trame scénaristique plutôt merdique consistant à faire d’un cow-boy à la base cool un martyr suite au massacre de ses parents a déjà été utilisée dans l’effroyable adaptation cinéma de Wild Wild West. Rien à sauver donc dans ce parti pris copié-collé du navet de Sonnefeld et pas fichu de donner lieu à un film singulier à défaut de fidèle.

Car reste toujours, dans l’exercice d’adaptation, la possibilité de regarder l’objet comme quelque chose d’original, sans le comparer à l’œuvre de base et de juger objectivement de ses qualités. Mais non. Ce Lucky Luke est objectivement mauvais desservi par un humour débilitant (le jeu de mot sur le trou de balle est fin, pas du tout usité, alors pourquoi ne pas le faire durer sur 10 lignes après tout), un scénario planté (je ne vais pas y revenir), des acteurs horripilants (Michael Youn a certes 12 ans dans sa tête mais tout de même 37 balais en vrai, pour faire Billy the Kid on repassera) des astuces scéniques vues et revues et un montage vraiment peu inspiré où l’on arrive pas toujours à suivre l’action.

Reste cependant un moyen d’apprécier le film : couper le son. Car la lumière est superbe, les paysages splendides, les couleurs et costumes très travaillés (chaque plan sur les bottes est un ravissement)… on retrouve vraiment l’esthétique BD et les décors sont tout bonnement géniaux. Mais au final cette réussite artistique rend le film encore plus frustrant, tout comme les rares gags (visuels) ou références réussies… Car difficile de ne pas aimer Daisy Town ou le délirant casino final, et quand il retrouve vraiment l’esprit bande dessinée originel, Lucky Luke prête une ou deux fois à sourire… On en ressort donc avec le sentiment qu’en y allant à fond dans l’adaptation fidèle, avec une vraie recherche casting et une volonté de transcrire l’univers de Morris et Goscinny (auquel le film est dédié, les malheureux) Huth aurait réussi son coup et pondu une petite merveille.

Un atroce gâchis qui aura au moins deux mérites : donner une furieuse envie de se refaire B.D. et dessins animés, et redonner des couleurs à la version de Terrence Hill. Vous savez, par contraste…


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