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 Ichimai no hagaki (Postcard)
Réalisateur : Kaneto Shindô
Année : 2011
Acteurs : Etsushi Toyokawa, Shinobu Otake, Naomasa Musaka
Pays : Japon


6/10 (1 critique)


Synopsis :
Eté 1944 : persuadé qu'il ne survivra pas, un soldat demande à son compagnon d'arme de bien vouloir porter une carte postale à son épouse lorsque la guerre sera finie.
 
Critique par Julie postée le 17-01-2013 à 10:43
Note : 6/10
De l’œuvre de Kaneto Shindô, je connaissais surtout son célébrissime et bouleversant Les Enfants d’Hiroshima, mais sans quelques aléas de programmation, il n’est pas certain que je serais allée voir Postcard, film testament malgré lui car le dernier écrit et tourné par Shindô récemment décédé. J’avais en effet ce pressentiment que le film n’était pas exactement « pour moi », et si cette sensation s’est vue confirmée à l’issue de la séance, je peux tout de même remercier le hasard de m’avoir fait découvrir une très belle œuvre, et redécouvrir un formidable réalisateur.

Car la première chose qui happe devant Postcard est la maitrise toute en finesse et en intelligence que Shindô a de la caméra, composant des plans qui disent plus en un cadrage que tous les dialogues imaginables. Ce n’est sans doute pas un hasard si le régiment soumis aux ordres parfois absurdes de la hiérarchie militaire est filmé de la même façon que les cérémonies et requêtes parfois tout aussi difficiles auxquelles est soumise Tomoko. Ou que même en extérieurs ce cérémonial soit narré en plan fixe, comme si quelque qu’était le décor les entourant, ces personnages demeuraient bloqués, enfermés dans des contraintes sociétales et des traditions étouffantes. Les corps sont souvent fixes, figés dans l’espace, les mouvements minimalistes… de sorte que quand enfin la soupape lâche, les émotions exprimées le sont presque toujours de façon hystérique. En résulte un visionnage à fleur de peau, alternant lenteur et sentiment d’immobilisme à explosions soudaines de rage, de douleur…

La narration sert aussi très bien le film, jouant ça et là avec la chronologie – jamais gratuitement – et surtout, floutant la temporalité donnant à penser et à ressentir à quel point la guerre et l’Histoire sont des dynamiques répétitives, et plus encore à échelle d’une vie humaine. Mais cette représentation du cycle sans fin ne marche pas forcément toujours bien d’un point de vue cinématographique, et dans sa première moitié, paradoxalement la plus « remplie », le film peut sembler un peu long. Au fond, il était peut-être à mon goût un rien « trop japonais » pour me permettre une réelle indentification. Shindô à la bonne idée de ne jamais juger ses personnages, mais les rend par trop passifs, victimes du hasard, de la malchance. Et si on les voit tout au long se débattre, j’aurais aimé pour ma part les voir simplement se battre. De même que le scénario fait finalement l’impasse sur la thématique m’attirant le plus (la censure des cartes écrites, la transmission orale pour faire revivre / survivre un défunt) et annule sa possible ouverture finale pour répéter à nouveau le cycle.

Objectivement, Postcard est un très beau film aux qualités indéniables, mais subjectivement, je m’y suis retrouvée bloquée à plusieurs reprises, incapable de faire fi des irréductibilités culturelles, des modes de pensée et d’action des protagonistes. Comme si malgré les sous-titres nous ne parlions toujours pas la même langue. Toutefois, il touche suffisamment souvent à l’universel pour permettre l’empathie, et notamment dans la transmission de son message : la guerre, et au-delà, la vie, sont de damnées loteries.




Critique écrite dans le cadre du Festival Kinotayo 2012


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