Les garçons et Guillaume, à table ! |

Année : 2013
Acteurs : Guillaume Gallienne, Françoise Fabian, Nanou Garcia
Pays : France










5/10 (1 critique)
Synopsis :
Considéré comme une fille par sa mère et par un homosexuel par tout le monde, un jeune homme enchaîne psychanalyses et expériences pour tenter de découvrir qui il est indépendamment de la perception des autres.
Critique par Julie postée le 05-03-2014 à 11:51 Note : 5/10 | |
C'est toujours un peu déplaisant d'aller à contre-sens de l'opinion générale, d'autant plus lorsque l'on est pas capable de définir avec précision ce qui nous a gêné, ce qui ne nous a pas plu dans un film plébiscité par le public et toute la critique cinéma. C'est en fait l'incompréhension qui a dominé, lors de mon visionnage, et justement quant à l'idée de cinéma, que je ne retrouve ni dans la réalisation (théâtrale) ni dans la narration (film à sketches). Je veux dire, le César du meilleur film à du théâtre filmé (si peu passe par l'image que si vous ôtez la voix-off explicative, il ne reste presque rien) le César du meilleur premier film au même film qui est du théâtre filmé, le César du montage à un découpage narratif basé uniquement sur le monologue (et pas exempts d'opportunisme, le personnage de la grand-mère n'existe *que* pour la scène des mots, et ne totalise pas plus de 5 min d'écran) et le César de la meilleure adaptation pour l'adaptation par un homme de sa propre pièce adaptée de sa propre vie qui n'est pas vraiment "adapté" puisque le texte ne bouge pas et que c'est du théâtre filmé... Vraiment, en matière de cinéma, je ne m'y retrouve pas. Mais au-delà de la forme (et des Césars dont vous allez me dire à raison qu'on s'en fiche) j'ai eu un souci avec le fond. L'écriture est décousue, le fil narratif un peu mince qui ne se solidifie vraiment que dans le dernier tiers, et si le texte offre quelques pépites, trop repose sur le monologue de Gallienne, que l'on sent déjà si souvent récité dans le passé qu'il manque de surprise, se fait trop attendu. Reste les dialogues, et notamment les interactions Guillaume / Maman, qui font vraiment tout le sel du film Le double numéro de Gallienne est très bien servi mais le personnage (de) lui-même a mis une bonne heure à m'attendrir, ou ne serait-ce qu'à m'atteindre. Avant cela, la majorité des petits sketchs, comme le voir subir un (double) lavement non sollicité par Diane Kruger, n'a pas marché pour moi et je me suis sentie triste, exclue, de ne pas réussir à éclater de rire comme l'ont fait apparemment des milliers de mes compatriotes, quand bien même quelques scènes de psy m'ont arrachées un sourire, et que la toute fin m'aura bel et bien émue. Peut-être, injustement et subjectivement, ai-je aussi un problème avec le contexte. Je n'ai absolument rien contre un film qui explique qu'on peut être efféminé, avec une voix haut perchée et une passion entretenue pour Sissi l'impératrice sans être homosexuel (je trouvais l'idée mieux amenée dans les quelques minutes que lui consacre "Le Prénom") mais en 2013, avec la marée médiatique des opinions réductrices qui ramènent l'orientation sexuelle à un comportement déviant, je crois que j'aurais été plus sensible à un film qui aurait dit l'inverse, qui aurait dit qu'on peut être homosexuel sans que cet aspect de l'identité ne façonne forcément tous les autres (ce que montrait joliment La Vie d'Adèle, tout en traitant en réalité de luttes des classes). Hors chaque "rencontre" et expérience homosexuelle de Guillaume en dépeint une vision assez clichée pour ne pas dire négative (la presque tournante en banlieue). Mais objectivement comment reprocher quoi que ce soit à un film qui ne se veut justement enfermer personne dans une case ? Le propos n'a ici pas vocation à être universel, et sans doute que le succès du film plus que le film lui-même lui donne une portée à laquelle il n'aspirait pas. Le caractère autobiographique du récit lui confine ses limites (égotisme, impossibilité d'élargir l'analyse) mais peut-être est-ce aussi ça qui rattrape l'expérience au final : le fait de ne jamais, jamais douter de la sincérité de Gallienne (le César du meilleur acteur ? Oui, celui là je comprends.) Votre avis rejoint-il cette critique ? |