Le festival Kinotayo 2011 s'est clos il y a une semaine à la Maison
de la Culture du Japon à Paris, avec la consécration du
film Someday,
de Junji Sakamoto, qui a remporté le 1er prix du festival. Mais
quelle conclusion pouvons-nous tirer de cet événement ?
Retour sur deux semaines de découvertes et de voyage en milieu
japonais...
Premier constat, Kinotayo est bien un festival pour tous les amoureux
du cinéma japonais quels qu'ils soient. Dans les salles, le public
est mi-français mi-japonais, sans distinction d'âge. Des
jeunes de vingt ans côtoient des cinquantenaires qui se racontent
leur dernier voyage au Japon. Certains sont là par curiosité,
d'autres par nostalgie ("Mon mari et moi y sommes allés il
y a trois ans, c'était magnifique. Nous voulions y retourner cette
année mais avec les événements de mars, nous avons
dû annuler."). Les Japonais ont l'air d'emmener leur amis pour
partager un bout de leur culture. Il faut dire qu'en dehors des deux semaines
du festival, les films japonais se font rares dans les salles obscures
de la capitale...
Tout ce petit monde cumulé fait qu'au final, les salles sont bien
pleines à Kinotayo. Il faut faire attention à ne pas arriver
à la dernière minute, au risque de se faire refouler à
l'entrée (cinq minutes avant la projection de Guilty of Romance,
en présence du réalisateur, bizarrement la séance
est complète, gloups) ou de finir assis sur les marches de l'escalier
parce que les derniers sièges libres sont au milieu des rangées
et que le film vient déjà de commencer (mon dos endolori
se souvient bien de Railways)... Bref ! Mises à part ces
petites mésaventures, l'expérience fut très positive
et je guette déjà la prochaine édition du festival
en 2012.
Les films
Côté films, la programmation variée a permis de montrer
plusieurs facettes du cinéma japonais. Alliant des oeuvres douces
et contemplatives (Railways, Hanezu), et des films plus
provocateurs et sombres (Into the White Night, Cold Fish, Guilty
of Romance), le festival a donné une vision contrastée
du pays et de la culture nippone. Comme mentionné dans mon
article précédent, les Japonais sont en effet capables
des meilleurs extrêmes : ils savent sublimer et encenser chaque
détail de chaque image, honorer leurs ancètres et leur environnement,
comme ils peuvent également imaginer les histoires les plus tordues
et les plus osées.
Cette année, la programmation de Kinotayo n'a
pas fait exception. Ainsi, on a pu découvrir des oeuvres sur la
vie dans les zones reculées du Japon : d'abord dans le film Someday,
une comédie sympathique centrée autour du théâtre
traditionnel japonais : le kabuki. Mais aussi dans Railways,
où un père de famille quitte son travail pour retourner
vivre dans son village natal et profiter des plaisirs simples de la vie.
On y voyage dans un vieux petit train, au milieu de paysages verdoyants.
Une ambiance simple et sereine qui en fait mon coup de coeur personnel.
Au contraire, dans Into
the White Night, l'ambiance est bien plus noire. Plongé
dans les années 1980, le film nous fait suivre une enquête
policière où se mêlent de multiples meurtres et viols.
C'est une image sombre et inquiétante du Japon qui est renvoyée
ici, comme dans When
I Kill Myself, qui prend comme décor l'accroissement
alarmant du nombre de suicides des jeunes.
Au final, la palme du réalisateur le plus marquant revient certainement
à Sion Sono. N'ayant pas pu assister à ses films sur grand
écran à Kinotayo, j'ai tenu à réparer mon
erreur post-festival en me procurant une oeuvre de ce monsieur dont on
parle tant. C'est donc avec une certaine curiosité que j'ai entamé
Cold Fish sur mon petit écran, plusieurs jours après
la fin du festival...
Violence, sexe et humour noir, un cocktail explosif dans Cold Fish
de Sion Sono
Très honnêtement, je ne sais toujours pas bien quoi penser
du film tellement l'ambiance y est particulière et tellement la
violence y est à son paroxysme. Le film est l'exemple parfait de
ces réalisations qu'aucun cinéaste américain ou français
n'aurait pu faire. Complètement barrés par moments, les
personnages évoluent à l'écran avec une énergie
folle et créent une ambiance sordide et décalée,
où l'horreur se mêle à l'humour noir. Parfois, on
peut se demander si Sion Sono ne va pas trop loin, mais quoi qu'il en
soit, le visionnage ne peut laisser indifférent. Si vous n'aimez
pas la violence et le sang, abstenez-vous. Sinon, le film vaut clairement
le coup d'oeil, rien que par curiosité.
Les lauréats 2011
La spécificité du festival Kinotayo est de faire voter le
public. Avant chaque projection d'un film en compétition, les spectateurs
se voient ainsi remettre une fiche à remplir et à rendre
à la sortie. Une initiative sympathique, qui permet aux résultats
de refléter l'avis du grand public plutôt que d'une poignée
d'experts... (Qui n'a pas déjà levé un sourcil circonspect
devant les choix de certains jurys professionnels quand il s'agit de cinéma
ou de littérature ?)
Après quinze jours de festival et dix-huit films projetés
dans plusieurs salles de cinéma en France, les prix suivants ont
été remis aux réalisateurs :
Prix de la plus belle image Nikon : à Yoshihiro Fukagawa,
pour Into
the White Night
Soleil dOr IF Télévision : à M.Yukinari
Hanawa, pour My Wife
Soleil dOr Kinotayo 2011 : à Junji Sakamoto, pour Someday
Soirée de clôture : remise des prix en présence
de quatre réalisateurs en compétition
Au cours de la cérémonie de clôture
à la Maison de la Culture du Japon, quatre des six réalisateurs
en compétition étaient présents. Chacun leur tour,
ces derniers ont exprimé leur joie d'être à Paris
pour présenter leur oeuvre et ont émis le souhait que ce
festival Kinotayo aide à mieux faire connaître le cinéma
japonais au delà des frontières... Sur l'Etagère,
nous en sommes déjà convaincus ! Il suffit de regarder l'exemple
de Stéphanie, chroniqueuse
sur le site, qui proclamait encore il y a quelques semaines que le cinéma
japonais lui était peu connu et qui a vu deux films de la programmation
en l'espace de deux semaines. :)
Alors, rendez-vous à la 7e édition en 2012 ?
Chut, la séance commence à Kinotayo...
Posté par Florence,
le mercredi 7 décembre 2011, à 07h50
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