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        de Sitges 2011 
		Article 2 : Au bout de 5 jours de festival, Mathilde nous livre ses 4 films préférés 
        
		Article 3 : Ambiance, rencontres, meilleurs films... Mathilde nous raconte ses 10 jours à Sitges !
        
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        Le festival de Sitges est terminé. Après le visionnage d'une 
        trentaine de films, mes paupières demandent un peu de répit 
        et mes jambes ont besoin de bouger. L'expérience fut passionnante 
        : adapter son planning journalier selon les films à voir (avec 
        parfois une première séance très matinale), manger 
        quand on peut, avaler des litres de cafés, applaudir des craquements 
        sanglants d'os, applaudir aussi le trailer du festival avant chaque film (voir vidéo ci-dessous), 
        s'écrouler sur un sofa du hall de l'hôtel, huer les films 
        à la mise en scène bobo californienne, apprendre à 
        dire merci en coréen, écrire les premières lignes 
        de ses critiques dans les listes d'attentes, observer les spectateurs 
        en état de choc à la sorte d'un film ou encore s'endormir 
        en pleine projection.
      
        
        
        
      
***
        
      
Premiers jours à Sitges
        
        Dès le premier jour, comme je l'expliquais dans un 
        article précédent, je me suis retrouvée dans 
        le bain de la folie de Sitges. A peine arrivée à l'hôtel 
        Melia où se déroule la plupart des festivités, je 
        croise en terrasse le réalisateur coréen Ryoo Seung Wan, 
        membre du jury. Un de mes collègues presse se jette aussitôt 
        sur lui pour un autographe, lui présente la jaquette d'un de ses 
        films. Erreur, il s'agissait d'une réalisation du frère 
        du réalisateur. Heureusement, Ryoo Seung Wan le prend avec le sourire 
        et signe, avec expérience, la jaquette du bon film à savoir 
        City of Violence. 
        Nous faisons dix mètres de plus et nous tombons sur Daniel Brülh, 
        souvenez-vous Good Bye, Lenin!, aux prises avec une horde 
        de journalistes, mais plutôt content de parler espagnol (Monsieur 
        parle allemand grâce à papa, espagnol grâce à 
        maman, mais aussi anglais, français et catalan).
        
        La terrasse deviendra très rapidement le lieu stratégique 
        de rencontres entre réalisateurs, acteurs, journalistes et fans. 
        Il deviendra aussitôt le lieu de mon café du matin, tout 
        en savourant la chaleur de l'octobre espagnol. 
        
        La terrasse, lieu stratégique de rencontres entre réalisateurs, 
        acteurs, journalistes et fans 
        
        Si si, nous étions en octobre !
        
        
      
Après déjà deux guests et trois 
        cafés, ma vessie m'ordonne de me rendre aux toilettes. Alors que 
        je me lave les mains, deux nanas entrent ensemble dans les toilettes pour 
        handicapés. Les sons qui me parviennent alors de sous la porte 
        ne laissent aucun doute sur l'activité en cours, forte jouissive 
        a priori, entre les deux dulcinées. Nous sommes bien à Sitges, 
        capitale gay espagnole.
        
        Viendra ensuite très rapidement mon premier dodo en pleine séance. 
        Le Contagion de Steven Soderbergh, même si bien réalisé 
        avec de bons acteurs, me laissa tellement de marbre au niveau scénaristique 
        que je ne résiste pas longtemps à Morphée. Avion 
        la veille + trajet en voiture + levé matinal ont fait que j'ai 
        dormi dès mon premier film à Sitges. Ce ne sera pas le dernier 
        à l'instar de The Victim de Michael Biehn durant 
        le marathon horreur d'une heure du matin jusqu'à "quand tu 
        peux". Heureusement, je me prends aussi en pleine figure d'excellents 
        films comme The 
        Unjust de Ryoo Seung Wan ou Attack the Block 
        de Joe Cornish dès les premiers jours.
        ***
        Rencontres avec les réalisateurs
        
      
        
        Je vais rapidement me rendre compte par ailleurs que séances et 
        files d'attente pour les tickets la journée et fêtes le soir, 
        ça devient très vite compliqué. En jeune novice, 
        je loupe donc plusieurs séances matinales d'affilée, je 
        cours jusqu'à l'hôtel Melia en croisant des acteurs espagnols 
        supers connus que je ne connais pas et je tombe également sur Michel 
        Ocelot, le papa de Kirikou, visiblement aussi perdu que 
        moi parmi toute la faune locale. Ce monsieur très gentil et abordable 
        me confiera d'ailleurs qu'il ne comprend pas l'intérêt des 
        films d'horreur et se sent un brin marginal parmi ce festival. Néanmoins, 
        son film Les Contes de la Nuit (avec heureusement une 3D 
        light et intelligente) recevra un accueil enthousiaste lors de sa projection 
        : quelques grammes de poésie dans un monde de gore.
         
 
        Rencontre avec Joe Cornish, réalisateur de Attack the Block
Autre rencontre amusante un brin poétique, j'ai discuté avec la réalisatrice Mounia Meddour, venue accompagner son mari Xavier Gens en compétition avec The Divide sur le festival. Elle s'est approchée de moi avec naturel, en terrasse, après avoir noté mon magnifique accent français en anglais et le dictionnaire franco-espagnol sur le bord de la table. Nous nous sommes amusées plusieurs minutes sur le castillan et le catalan, puis elle s'est évanouie parmi la foule de journalistes et d'attachés de presse qui entouraient son réalisateur de mari.

        Séance dédicaces avec Bryan Singer, réalisateur 
        (entre autres) des deux premiers X-Men
        Enfin, j'ai recroisé deux têtes connues, l'éternelle 
        barbe de trois jours de Julien Maury et la casquette d'Alexandre Bustillo, 
        qui avaient fait une entrée fracassante sur le festival deux (trois 
        ?) ans plus tôt avec A l'intérieur et qui revenaient 
        en terrain conquis avec Livide (mais ce n'était pas 
        le final cut, donc pas de critique !). Nous les avions déjà 
        vus au Comic Con de Paris et après deux jours à les croiser 
        de loin sans avoir le temps de les approcher, nous nous rencontrons par 
        hasard dans la rue entre deux cinémas. Après nous avoir 
        pourri nos photos de dédicaces à grands renforts de stylo 
        qui fuit et papoté quelques instants, ils repartent écumer 
        les restaurants, cinémas et bars de Sitges.
        
        Les séances continuent de s'enchaîner et je me retrouve parfois 
        devant des ovnis cinématographiques comme Arirany 
        de Ki-duk Kim. D'abord déboussolée, je rejette ce film en 
        bloc, puis la démarche du directeur fait son chemin dans ma tête. 
        Je deviens moins négative, mais il en reste qu'il demeure presque 
        impossible d'écrire une critique sur cet essai de thérapie 
        sous forme de lamentation coréenne. On hésite entre égoïsme 
        mal placé ou naïveté touchante de Ki-duk Kim. Quoiqu'il 
        en soit, une dépression coréenne, c'est violent. Il s'agit 
        d'un film qui parlera de manière très différente 
        à chacun. (Pendant ce temps, j'apprends d'ailleurs que le réalisateur 
        se trouve à un autre festival où il répond totalement 
        bourré aux interviews.)
         
 
        File d'attente pour accéder aux films...
        
        
      
***
      
 L'organisation du festival
        
        Bref, une certaine routine s'installe : séance le matin après 
        un premier café au Melia, on croise quelques guests, on voit un 
        film ou deux, on mange, on revoit un film souvent à l'autre bout 
        de la ville, on revient à l'hôtel Melia pour faire la queue 
        afin d'obtenir les tickets gratuits de la presse pour les séances 
        de lendemain, puis de nouveau film et, pour conclure, marathon ou fête. 
        Tiens, d'ailleurs, le système de tickets : un bon système 
        de merde ! Pour les séances de l'après-midi, avoir un ticket 
        est obligatoire, même pour la presse qui doit faire la queue pendant 
        une heure à partir de seize heures, sans assurance d'obtenir son 
        sésame puisque le nombre de tickets est limité. J'avoue 
        que je n'ai pas bien compris l'intérêt de ce ticket, surtout 
        que nous avons assisté à plusieurs séances en montrant 
        simplement le pass presse... Petit couac organisationnel donc, mais qui 
        m'a permis de rencontrer des personnes intéressantes dans la file 
        comme un journaliste web qui alimentait un blog underground du festival, 
        à coups de critiques barrées et de photos des chats errants 
        de Sitges. Why not !
        
        
        Récupération des tickets "presse" pour les 
        séances : une organisation qui laisse à désirer.
        
        
J'affronte également mes premières barrières 
        de langage. Faute d'argent, le festival en perd chaque année et 
        - crise économique espagnole oblige - pour certaines copies de 
        films, si elles ne sont pas sous-titrées en anglais initialement, 
        les seules traductions effectuées sont le castillan et le catalan. 
        Ca la fout un peu mal tout de même pour un festival international. 
        De même, les séances de présentation officielle de 
        films étaient toujours effectuées par une speakerine - apparemment 
        super connue - en catalan. Quid de l'anglais et même du castillan 
        ? Idem pour les traductions. Lorsqu'un réalisateur allemand, coréen 
        ou je ne sais quoi venait de parler de son film, je l'avais dans l'os 
        s'il ne le faisait pas en anglais. Pour conclure, je l'ai eu un peu mauvaise 
        niveau régionalisme ambiant pour un festival se déclarant 
        comme international. 
        
        Du coup, j'ai vu Revenge : a love story de Ching-Po Wong 
        en sous-titré castillan et catalan. Heureusement, l'intrigue simpliste 
        et la pauvreté des dialogues m'ont permis de suivre sans problème 
        avec mon petit niveau d'espagnol et mes notions de catalan. Par contre, 
        pour le très bavard film italien Krokodyle de Stefano 
        Bessoni, j'ai jeté l'éponge et quitté la salle en 
        compagnie de mes autres collègues non hispanophones et malheureusement 
        sous les yeux du réalisateur. Désolé Stefano, l'idée 
        de ton film me plaisait, mais je ne possédais pas les outils linguistiques 
        pour l'apprécier !
        
      

        Espace internet des journalistes
        
        
        
        Moment de détente pour écrire un peu une critique juste 
        après The Unjust de Ryoo Seng ! 
        Il y a aussi ces films impossibles à voir et qu'on voulait absolument 
        voir. L'irlandais Kill List de Ben Wheatley m'a échappé 
        suite à une panne de réveil puis parce que je devais aller 
        chercher un de mes confrères à l'aéroport. De même, 
        je n'ai pas pu visionné le film cubain Juan de los muertos 
        d'Alejandro Brugués pour cause de "j'ai pas de tickets et 
        je me suis fait jetée comme une malpropre par la sécu" 
        et "le film a une heure de retard, il est deux heures du matin, je 
        vais me coucher tant pis."
        
        
        Finalement, nous avons fait la Zombie walk, impressionnante en nombre 
        de personnes présentes et de maquillages invraisemblables ! A noter 
        qu'il était d'ailleurs possible de se faire maquiller en zombie 
        par des professionnels du cinéma. Nous n'avons pas eu le temps 
        d'y participer. En même temps, étant donné nos cernes 
        en fin de festival, avions-nous vraiment besoin de maquillage ?
        
      
 
      
        
        *** 
 
        
        Quels films conseiller à la sortie du festival ? 
        
        Pour conclure, le festival a été ponctué de bonnes 
        surprises (exit mes apriori sur Melancholia 
        de Lars Von Trier), de mauvaises surprises (Contagion de 
        Steven Soderbergh c'est chiant), de films qui avaient l'air bien mais 
        en fait bof (Drive de Nicholas Winding Refn) ou encore d'ennui 
        douloureux (Bellflower d'Evan Glodell).
        
        De tout ça, je vous ai gardé les dix meilleurs films - selon 
        moi - sur la trentaine visionnée, tous différents puisque 
        l'on trouve pêle-mêle de l'européen, de l'américain 
        et de l'asiatique, ou encore du sanglant, du poétique ou du burlesque...
        
      
|  | Attack the block, de Joe Cornish Mélangez humour britannique, humour de cité et invasion d'aliens. Mélangez bien, puis riez. | 
|  | Another 
              Earth, de Mike Cahill Critique publiée > ici < | 
|  | Hobo With a Shotgun, de Jason Eisener Que se passe-t-il lorsqu'un SDF décide de remettre un peu d'ordre dans une ville ultra-violente ? De l'humour noir, très gore et calibré pour vous faire dire "non, il va pas faire ça ?" | 
|  | Melancholia, 
              de Lars Von Trier Critique publiée > ici < | 
|  | Red State, de Kevin Smith (aka Silent Bob) Entre critique de la religion fondamentaliste chrétienne et regard grinçant sur l'administration américaine post-septembre, moquez-vous de bon cur, c'est fait pour ! | 
|  | Scabbard Samuraï, de Hitoshi Matsumoto Du burlesque bien japonnais, mais aussi une tendre histoire entre un père et une fille. On verse sa petite larme et on en sort le cur léger. | 
|  | The Day He Arrives, de Sang-soo Hong Réflexions intello coréennes sur les rapports homme/femme, auxquelles il faut rajouter pas mal d'alcool, une bonne dose de sexisme et de l'auto-dérision bien sentie. | 
|  | The Raid, de Gareth Evans Film d'action taïwannais réalisé par un britannique, la mise en scène des combats est spectaculaire, un régal d'arts martiaux et une chorégraphie impeccable. | 
|  | The 
              Unjust, de Ryoo Seung Wan Critique publiée > ici < | 
|  | The Yellow Sea, de Hong-jin Na Le périple d'un Joseon-Jok, un membre de la communauté sino-coréenne coincée entre la Corée du Nord et la Chine, de sa province pauvre et violente vers la Corée du Sud. Entre mafia et recherche de l'être aimé, une belle histoire humaine. | 
Posté par Mathilde,
        le vendredi 21 octobre 2011, à 08h15
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3 commentaires :
La petite anim d'ouverture hommage à King Kong est très chouette ! Ca a l'air d'avoir été une sacrée expérience (Bryan Singer !) et je sens que je vais me faire toute la liste de recommandations...
Sinon, ta zombie walk perso back to the office c'était bien ; ) ?
C'est malin, maintenant je veux voir Melancholia et il ne passe plus au ciné en France !
Ca va, le choc thermique n'a pas été trop douloureux en rentrant à Paris ? ^^"
Choc thermique trèèès douloureux, mais ça y est, je suis de nouveau habituée au froid et j'ai fait ma zombie walk perso presque une semaine au taf !
Pour Melancholia par contre, ne pas le regarder le moral en berne, c'est un conseil !

